Il vit à Angel Town (Californie), il est grand (1,93 mètres) et blond. Voilà la biographie succincte de Jeremy Jay, songwriter quasi inconnu (une reprise de Into The Groove à son actif sur un tribute à Madonna, passé inaperçu l’an dernier) et déjà important. L’attaché de presse de Differ-Ant, l’heureux distributeur français du label de Calvin Johnson, s’est même fendu d’un sticker “album de l’année” joint à son envoi promotionnel. Et figurez-vous qu’il n’y a aucune forfanterie dans son enthousiasme béat. En vingt-neuf minutes idéales et dix chansons inspirées, Jeremy Jay fait une entrée fracassante dans la pop moderne, exactement dans l’ordre alphabétique entre Herman Düne et Jens Lekman. Sa voix bouleversante le dispute au classicisme des compositions produites par Calvin Johnson dans son célèbre Dub Narcotic Studio. La modestie affichée (une pochette en noir et blanc, un titre d’album éponyme) est exemplaire et n’est pas sans rappeler d’illustres aînés, à commencer par Bill Fay. Le mélange de grâce et de fragilité qui se dégage de cet enregistrement, très peu en prise avec son époque digitale et dématérialisée, provoque une empathie immédiate. Ici, on entend des soli de guitare approximatifs (Heavenly Creatures), des rythmiques bancales (Beautiful Rebel), des chœurs éplorés (Till We Meet Again), qui n’oblitèrent jamais l’incroyable richesse d’idées d’un grand songwriter. Jeremy Jay ou la révélation du premier semestre 2008. (Magic)