On ne statuera pas encore sur la grandeur musicale de Jeremy Jay car son premier album est tout simplement de courte durée (28'). Un peu court justement pour se faire une idée mais assez pour être séduit. Et pas qu'un peu. Jeremy Jay est peut-être de la trempe d'Adam Green. Avec son physique de jeune romantique échevelé, le jeune Californien arrive à apparaître à la fois comme chanteur de charme et jeune rebelle. Un Beautiful rebel comme le dit d'ailleurs la chanson. Ce double positionnement était possible à la fin des années 60 et au début de la décennie suivante. N'est-ce pas Jonathan Richman ? Jay appartient naturellement à cette époque par bien des aspects bénites. Entre la douceur d'un piano et l'électricité d'une guitare, Jay ne tranche pas et joue invariablement des deux instruments.
Il est d'ailleurs amusant de constater qu'avec ses moyens voulus modestes la famille K record - auquel appartient Jay - ne donne pas tant un écrin lo-fi aux chansons directes et franches du collier de Jay mais bel et bien une patine vintage : la prise de son dans le jus fait de A Place where we could go un rescapé du rock patte def. Ce qui est nouveau chez K record. Pourtant l'album évite tout sentiment de pastiche par la qualité même des compositions de Jay. Car dans un format bouclé-serré de 2'30 par chanson, Jay file à l'essentiel tout en ne gardant que le meilleur. Bref, un nom à retenir.