Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Album après album, groupe après groupe, les membres d’Oiseaux-Tempête jouent à cache-cache. Ensemble ou séparément, Frédéric D. Oberland et Stéphane Pigneul ont été dans 21 Love Hotel, Object, le Réveil des Tropiques, Farewell Poetry…Les voici dans un nouveau projet ressemblant beaucoup à ce dernier – les textes et la voix de Jayne Amara Ross en moins. Souvent aérien parfois orageux, Oiseaux-tempêtes est un album plus classiquement post-rock, dans la lignée d’un Godspeed You Black Emperor. Le groupe aime les sonorités new wave des guitares et les utilisent intelligemment pour tisser son fil instrumental (Buy Gold, Call John Carcone). Sur Kyrie Eleison, Oiseaux-tempête restitue l’urgence anxieuse du Cure de Pornography, utilisant au mieux son troisième homme, Ben Mc Connell (excellent batteur pour Beach House ou Phosphorescent).

Car, comme tout bon album post-rock qui se respecte, Oiseaux-tempête passe par toutes les atmosphères, des moments brumeux et tendus (Opening theme), d’autres impressionnistes (Nuage noir, une vraie réussite), d’autres plus frontalement rock, à des passages plus abstraits et plus expérimentaux (La Traversée, l’île). De quoi enclencher le bouton « start« , fermer les yeux et profiter de l’ heure et quart de diffusion pour ressentir un vrai voyage, musical et onirique.

Cela serait ça, cela serait déjà beaucoup mais Oiseaux-Tempête soigne aussi l’aspect visuel (Stéphane C, partie intégrante du groupe, donne un magnifique emballage visuel au projet). Et puis, les Parisiens donnent un sens et une direction à leur musique. Cela ressemble parfois à un jeu de pistes lettré (qui est John Carcone ?) mais tout le disque tourne autour de la Grèce antique. Une fascination hellénistique qui transforme un voyage musical en Odyssée. Les titres lancent des pistes : La traversée, Nuage noir, l’Ile, Kyrie Eleison (« Seigneur, prends pitié » en grec) ou Outrobouros, figure grecque d’un serpent qui se mord la queue, un titre intrigant pour une musique qui aime justement les boucles. A vous de remonter le fil de l’histoire à travers les indices et impressions laissés par Oiseaux-Tempête. Cette musique est désormais votre musique.
denizor
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le 10 janv. 2014

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