Pain Is Beauty
7.4
Pain Is Beauty

Album de Chelsea Wolfe (2013)

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine. Ou comment mélanger ce qui de l’ordre du moyen, du passé, du présent et de la démarche générale. Porté par un oxymore magnifique (Pain is Beauty, aussi fort que le Violently happy de Bjork), cet album est finalement plus facile à appréhender que sa vaine tentative de référencement.
Ce quatrième album, comme les précédents, contient en filigrane ce qui a fait le passé de la Californienne : Chelsea Wolfe a écouté du métal, c’est clair ; même s’il n’y a là aucune décharge de décibels et de testostérone abusive – l’album est calme mais néanmoins chargé de tensions. Chelsea Wolfe a aussi écouté de la musique gothique, c’est encore plus clair. Elle en garde une faculté pour la dramatisation de sentiments, des sombres desseins épanchés dans une mélancolie de diva anthracite, un intérêt pour une réverbération de mausolée et pour des cordes d’un romantisme fin de siècle. Tout ceci est finalement présent, audible mais ne constitue que rarement le coeur de la musique (Kings). Chelsea Wolfe ressemble parfois mais n’est aucunement Lisa Gerrard (Dead Can Dance), Alison Shaw (Cranes) ou Siouxsie (and the Banshees).
Les grands morceaux qui constituent Pain is Beauty et en font une réussite (Feral Love ; We Hit a hall ; House of Metal ; Ancestors, the Ancients ; reins) pourront s’inscrire dans la lignée plus neutre d’une PJ Harvey. C’est bien du rock, parfois de la folk, auquel nous avons à faire mais habillé (habité) par tout le riche passé de la dame et qui en fait sa beauté toute particulière. L’électronique, plus marqué ici que précédemment (le fameux « drone » du style), ne change rien à l’essence de la musique : il n’est qu’un moyen supplémentaire donné à Chelsea Wolfe pour créer son propre univers artistique. A la croisée des chemins, au centre de tout.
denizor
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2013

Créée

le 28 oct. 2013

Critique lue 534 fois

12 j'aime

denizor

Écrit par

Critique lue 534 fois

12

D'autres avis sur Pain Is Beauty

Pain Is Beauty
WhiteLedTool
9

Musique ancestrale

En cherchant un peu sur le Net, je vois que beaucoup de gens essayent de définir la musique de Chelsea Wolfe. Neo-folk, ça c'est certain. Drone-doom-metal, c'est vrai aussi. Personnellement, j'ai...

le 10 mars 2017

1 j'aime

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime