Je ne connaissais de M Ward que sa collaboration agréable avec Zoey Deschanel, qui laissait déjà deviner un talent mélodique certain, malheureusement terni par une sorte de halo de joliesse paisible, caractéristique de She and Him. "A Wasteland Companion" est une toute autre affaire, tout au moins pour une bonne moitié de ses chansons : quand M Ward sort de son folk retenu et délicat - qui évoque un peu celui de Paul Simon, ce qui n'a rien de honteux -, et qu'il se laisse entraîner sur les chemins du bizarre, il atteint ici des hauteurs dont on ne le croyait pas capable ! Et ce sont alors les noms de Tom Waits, de Cohen ou de John Lennon qui viennent à l'esprit, ce qui n'est pas une mince affaire. Des riffs noisy, de l'écho sur la voix, des mélodies accrocheuses, un certain sentiment de menace sourde, oui, il y a dans les morceaux les plus "rocks" de l'album un enchantement certes encore léger (et si l'excès de légèreté était finalement le grand péché de M Ward ?), mais tout-à-fait convaincant. On attendra donc du successeur de "A Wasteland Companion" un approfondissement de cette voie passionnante que M Ward a ouverte ici. [Critique écrite en 2012]