Absence
7.7
Absence

Album de Dälek (2004)

Quel album mes aïeux ! Voilà longtemps qu'un album de hip-hop ne m'avait pas autant emballé. D'abord parce que je ne suis pas spécialement fan du genre, et ensuite parce que n'étant pas spécialement fan du genre, il me faut soit la crème de la crème, soit quelque chose d'original, qui sorte des sentiers battus, puisque les "classiques" ne m'ont jamais vraiment convaincu (Eminem, A Tribe Called Quest, Jay-Z, EMPD, etc.).

Mais là, je dois bien reconnaître que j'ai à la fois affaire à un objet unique, bizarre, inspiré, et pourtant profondément ancré dans la vague hip-hop, qu'il surplombe de toute sa grandeur. Comment ? Parce qu'il a la finesse d'éviter d'en faire trop, parce qu'il évite tous les écueils grossiers du genre (agressivité de supermarché, production ridicule, chant et paroles caricaturales comme seul le hip-hop sait en produire, etc), et s'aventure sur la voie du mid tempo et du low tune : c'est toujours assez lent, et souvent sous produit, les instruments se confondent et la voix sait passer du second au premier plan avec intelligence, et l'ensemble est systématiquement traversé de passages inspirés, prenants, qui jouent souvent des codes du hip-hop : je pense par exemple à la platine de A Beast Caged, rehaussée d'une note de synthé qui ne vous laissera jamais tranquilles... qui traverse l'ensemble du morceau pour l'achever dans la douleur et se muer en un hurlement difforme bizarrement traité sans violence, mais au contraire soutenu de quelques beats réguliers qui nous rappellent que c'est ça la culture hip-hop, l'amour d'une culture de rue qui a sa part de violence et de torture, que Dälek a à la fois l'intelligence et la grandeur de ne pas exagérer, pour mieux en restituer l'essence : c'est l'oppressant Culture for Dollars, c'est le prenant et noir Ever Somber, c'est le plus classique, mais à la fois tellement inspiré Eyes to Form Shadows...

C'est aussi la marque d'un grand album, qui sait atteindre son objectif avec finesse et sans avoir besoin de surjouer ses effets : je ne crois pas qu'il s'agisse d'une révélation, d'un moment important de l'histoire du hip-hop (d'ailleurs je connais trop mal le genre pour en juger), mais je suis assurément convaincu qu'il s'agit de l'une des plus belles perles de l'année 2005.
EcceLex
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le 20 déc. 2011

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