Absolute Dissent par LoutrePerfide
Killing Joke est un groupe mondialement connu depuis maintenant 30 ans et qui a participé grandement à la propagation d'un courant musical post-punk/new wave.
C'est pourtant en 1994 avec l'album Pandemonium que le groupe va réellement prendre son essor dans la conscience commune via un melting pot génial de metal industriel et de punk à forte connotation orientale.
Le groupe va alors se mettre en pause pendant de nombreuses années pour aller voguer aux différents projets solo des membres de ce groupe atypique. C'est donc en 2010 que nous revient le groupe avec le line up original et un nouvel album très attendu par les fans du groupe dont je fais parti. L'attente en valait-elle la peine?
Dès le premier titre, on se rend bien compte que le groupe n'est pas là pour plaisanter et il impose avec Absolute Dissent un rythme soutenu et un son un poil sclérosé. On ne peut pas dire qu'il s'agisse de l'entame espérée mais le titre rempli son office. On retrouve une section rythmique en forme mais au son étrangement étouffé. Les sonorités sont bonnes et l'exotisme est également au rendez-vous.
The Great Cull remet en peu les choses en perspectives avec un son déjà plus moderne et surtout une force de frappe qui fait mouche. Le chant est aussi plus à l'aise et plus volubile. On se régale et le groupe se fait également plaisir.
Fresh Fever from the Skies commence d'une bien belle façon avec une section rythmique au top et un refrain un brin percutant. Le son se fait plus lourd et plus période Pandemonium sans en atteindre le niveau.
In Excelsis est un titre plus New Wave et plus mystique et sombre. Pas foncièrement anecdotique mais il est en retrait par rapport au reste de l'album.
Europe Super State est un vrai bijou de New Wave et d'inspiration. Nettement plus dansant que la période 90's ce titre est vraiment agréable et bien mené par une voix calme mais déterminée.
This World Hell revient dans l'ambiance lourd et pesante. Le titre est assez moyen et monotone sur la durée et ne parvient à aucun moment à sortir du carcan dans lequel il s'est volontairement enfermé.
Endgame se révèle être plus original et varié avec des harmonies et un refrain plus inspiré. Le groupe ne se singe pas et essaye d'être plus efficace sans être chiant, pari réussi.
The Raven King est un titre à tendance New Wave mais un poil long et chiant. Le titre a du mal à se mettre en place, il est paresseux au niveau de la production et s'avère même trop mou lors des rares passages nerveux. A oublier.
Honour the Fire est dans la même veine, à savoir un peu trop mou et trop monotone pour être véritablement intéressant sur le long terme. Même si la guitare s'avère de bon aloi, le reste ne suit pas. Dommage.
Depthcharge annonce donc le retour au post-punk des premières années avec une performance vocale que l'on attendait plus et surtout un rythme péchu et inspiré.
Here Comes the Singularity est là un retour salvateur aux origines du groupe avec un léger côté popisant qui fera fuir les amateurs mais le groupe se débrouille très bien dans cet exercice, mieux même que je ne l'escomptais.
Ghosts of Ladbroke Grove est un titre à forte ambiance et surtout rondement bien mené qui devrait avoir quelques remix bien senti à la vue de se structure musicale et instrumentale. Le titre est juste un poil trop long et redondant pour être incontournable.
Le dernier titre est un bonus à l'édition standard et se trouve être un remix Dubstep de Europe Super State. Si je dois bien avouer être un poil agacé par la mode du Dubstep à tout prix et de partout, ce remix là est fortement dispensable et se révèle être du très mauvais Dubstep qui se remarque immédiatement lorsque l'on ne travaille pas assez son son et son ambiance. Un beau raté en somme.
Peut-on réellement parler de retour aux sources pour ce groupe mythique avec ce nouvel album? On retrouve bel et bien le line up original avec tout ce que ca peut impliquer au niveau du son et de la production.
Rien de profondément révolutionnaire mais un album brut de décoffrage avec de belles inspirations et quelques moments de fatigue perceptibles tout au long du périple que constitue l'écoute du dit album.
On passe d'un post-punk à de la new wave remixée à quelque chose d'un poil plus ambitieux et annonciateur de possibles embellies pour l'avenir du groupe mais nous en sommes encore assez loin.
On regrettera un certain manque homogénéité et de cohérence sur le son et le mixage des différents titres. On passe ainsi d'un titre aux sonorités modernes et s'écoutant bien à un son plus fouillis, bordélique et surtout terne. Phénomène voulu je pense mais dommageable en soi.
Au final que retenir de cet album? On a en face de nous un groupe qui ne cherche pas à se renouveler mais à s'adapter tranquillement à son époque et on ne peut pas dire que cela provoque le même effet que Pandemonium à son époque et c'est bien dommage.