Adore est un immense voyage à travers l'esprit torturé de Billy Corgan, charismatique leader des Smashing Pumpkins, qui, forcément, se rapprochera du vôtre.
Accouché dans la douleur, à cause du désintéressement de James Iha et de D'Arcy Wretsky, plus que jamais, c'est l'album le plus intime et personnel du grand chauve. Des multiples batteurs se seront succédés, sans jamais parvenir à égaler l'illustre Jimmy Chamberlin, viré à cause de son addiction à la cocaïne. La musique est à l'image du cover et des photos du groupe dans le livret. Noir, gothique, triste et le tout teinté de désespoir.
Débutant par une chanson intimiste au possible, To Sheila, sur laquelle Corgan chante, seule au monde avec sa guitare. Et malgré le single suivant, plus dynamique tout en restant froid, Ava Adore, où le chanteur clame ironiquement son amour à la célébrité : "We must never be apart", qui le détruit à petit feu et entoure sa vie : "You'll be a mother to my child, and a child to my heart", l'album continue dans une mélancolie sur le ton de 1979, en bien plus froid, avec Perfect sur la désillusion de l'amour et la fin de la jeunesse, l'obligation de prendre ses responsabilités. Le reste n'est que douleur et appel à l'espoir, de Tear, à Annie-Dog ou Shame. Le périple se poursuit ainsi jusqu'à la terrible For Martha, chanson à l'hommage de la mère de Corgan, qui finit par exploser à l'aide des envolées tornitruantes de la guitare de Iha et d'un lyricisme désarmant : "If you have to go, don't say goodbye, if you have to go, don't you cry", fin magistrale d'un album qui embarquera probablement avec lui nombre de pleurs.
Véritable OVNI dans une discographie somme toute assez rock, Adore est souvent mis à part, mais il n'est clairement pas à sous-estimer, offrant une alternative tout à fait intéressante aux autres albums.