Noir...Espoir !

Sam était vraiment dans une sale période, les nerfs à fleur de peau, la larme à l’œil pour des petits riens, l'envie de rien, le goût à rien. Pourquoi se voir comme ça : moins que rien ! Inutile comme une pauvre chose bonne à rien ? Une pensée traversa son esprit fatigué : "Rien ne va plus, rien ne te retient...Alors laisse aller. Tu n'as qu'à basculer dans le grand rien."
Les démons s'infiltraient dans son esprit et il fallait les repousser, toujours. Pour ne pas céder à de mauvaises pulsions ou à une noire tentation mortifère Sam mit ce CD emprunté ce matin à la médiathèque avec une pochette si spéciale qui attire l’œil, fait tiquer et interpelle. Saint Jean Baptiste classé dans le rayon Rock, Doom Métal pour être précis. Sa main s'était tendue comme automatique pour saisir la galette de plastique. Son visage s'était éclairé comme illuminé à la vue du prophète apocalyptique qui baptisa Jésus. Auréolé et magnifié par le fond doré il regarde ses mains et Sam sut qu'il voyait l'âme des êtres, la sienne et donc son désarroi, son angoisse, cette tristesse quasi permanente qui l'habitait, sa lassitude de cette vie qui traînait, s'éternisait. Il était midi et Sam n'avait pas faim.
Aum Trayambakam Yajamahe
Sugandhim Pushtivardhanam;
Urva Rukamiva Bandhanaan
Mrityor Mokshiye Maamritat
Adorons Shiva aux trois yeux qui est sacré et nourrit tous les êtres.
De même que le concombre mûr est automatiquement détaché de sa tige, puissions-nous être libérés de la mort et de notre personnalité périssable pour être accordés à notre lumière immortelle.
Le mantra incantatoire coulait lentement. Les yeux fermés Sam plongea dans sa psyché et commença à marcher vers son âme malmenée par la vie, par son passé. Bercée comme cajolée, embarquée sur le flot léger du rythme l'apaisement la gagna. Elle se sentait onduler comme sur une longue houle. Son esprit s'adaptait et vibrait avec la musique. Une mer de sons bienfaisants, caressants, traçait une route en elle, une voie qu'elle n'avait jamais prise. Elle se sentait bien, enfin. Puis le disque se termina, le vide s'installa. Il n'y avait plus que le silence. Quand Samantha ouvrit les yeux elle s'aperçut que la nuit commençait à tomber. Son visage était extatique.