Les Anges de Boston

Malgré une seconde partie de carrière en demi-teinte, je reste un grand admirateur de l'Aerosmith des années 1970, époque où ils ont enchaîné les grands albums à l'image de Toys in the Attic, Rocks ou encore de magistrales prestations scéniques comme en témoigne l'album Live Bootleg.

Tout commence à The Barn, un club du New Hampshire, là où deux groupes jouent de temps en temps, l'un est celui de Steven Tyler, alors jeune batteur, et l'autre du guitariste Joe Perry et du bassiste Tom Hamilton. Puis vient la fusion des deux groupes et la naissance d'Aerosmith qui va mettre deux années à se compléter pour former un line-up définitif, et le groupe sortira un premier album en 1973, insuffisant pour conquérir les USA malgré le tube, surtout régional d'abord, Dream On.

Et pourtant, que ce premier album est bon !

Evidemment la troupe à Steven Tyler ne révolutionne par la musique ou le rock'n roll mais en propose une vision efficace où la simplicité est sublimée par un véritable savoir-faire et une alchimie totale entre musiciens talentueux. C'est là que l'album brille, chaque chanson est jouée avec passion et bénéficie de cette force collective, ainsi que d'une véritable âme et cohésion ce que l'on ressent parfois sur des simples détails, à l'image du duo de guitare sur le refrain de Make It. Les riffs sont souvent diaboliques, et font parfois oublier la voix de Tyler, qu'il a lui même modifié car il ne l'aimait pas, et on prend tout simplement notre pied à l'écoute de cet album.

Excepté le saxophone de Mama Kin, le groupe joue sans musiciens additionnels, uniquement avec les éléments basiques du rock et les maîtrise à merveille, parfois sublimé par un harmonica dévastateur à l'image de Write me a Letter. On ressent l'urgence du moment, alors que le groupe a enregistré en deux semaines et, comme ce sera de plus en plus rare dans les productions du groupe, surtout à partir de la fin des années 1970, il n'y a aucun déchet dans cet album, rien à jeter, toutes les chansons sont prenantes et participent à l'ambiance hard rock et l'envie de taper du pied.

Il y a évidemment Dream On, ballade magistrale et intense, mais à mon sens le sommet de l'album n'est autre que Mama Kin, véritable rock dévastateur et diabolique. Sur ces deux chansons, le groupe est remarquable, avec une voix faisant corps avec des musiciens jouant parfaitement ensemble. Movin' Out avec Joe Perry caressant à merveille ses cordes, Make It et son remarquable jeu de guitare, l'efficace reprise Walkin' The Dog de Rufus Thomas, l'accrocheur Somebody, le petit bijou sublimé par l'harmonica de Tyler One Way Street ou encore le varié Write Me A Letter sont les autres pièces de ce remarquable puzzle (malgré une pochette bien hideuse) qui voit, dès cette première pierre, Aerosmith lancer son âge d'or.

Montrant déjà une parfaite alchimie pour mieux sublimer leurs mélodies et hard rock, Aerosmith propose un premier album tout simplement remarquable, à la fois efficace, agressif et trippant, donnant envie de bouger à l'écoute d'un blues et rock parfaitement maîtrisés.

Tracklist :

FACE A

Make It
Somebody
Dream On
One Way Street

FACE B

Mama Kin
Write Me a Letter
Movin' Out
Walkin' The Dog