Afrique victime, album (presque) ultime

Le dernier album de Mdou Moctar, derrière son titre un peu étrange et expliqué un peu maladroitement au sein de la chanson éponyme, se trouve être redoutable.

Le touareg nigérian, sait bien s'entourer musicalement. Dès l'ouverture de l'album avec le morceau Chismiten on découvre un orchestre en pleine fusion, constitué d'un autre guitariste (rythmique), d'un bassiste et d'un batteur. Le coeur du morceau dévoile ce qui tient corps à l'album : une guitare chantante et hors de contrôle qui n'est pourtant jamais dans l'excès. C'est nerveux, c'est lyrique, c'est énervé et souple à la fois. Les influences sont nombreuses, beaucoup de rock psyché, de la musique touareg (dans les pas musicaux de Abdallah Oumbadougou) et même un soupçon d'énergie punk (mais peut-être que je m'avance un peu trop..). En dehors du morceau Afrique victime chanté partiellement en Français, le guitariste gaucher chante en Tamasheq, langue touarègue qui insuffle une part esthétique intéressante pour les non-locuteurs.

L'album est relativement varié, certaines mélodies seront plutôt planantes, d'autres plus énergiques inciteraient presque à danser. Ça pourrait presque tourner en rond quelques fois mais ça évite cet écueil, sans être follement renouvelé. Les enregistrements sont tous tirés de live au sein de différentes villes africaines et renforcent cette impression de chaleur que la musique seule délivre déjà. Il n'est pas rare d'entendre ici et là des ferveurs du public. Ce dernier semblait pris au jeu et je le suis clairement aussi aux nombreuses réécoutes de cet album. C'est puissant et on en redemande.