Si je devais conseiller un album pour permettre aux personnes qui ne connaissent pas Neil Young de le découvrir, il se peut que cela soit ce "After the gold rush" (à moins que ce ne soit "Harvest" ou "Harvest Moon".......ou encore "Prairie Wind"......ouais mais Blondin, il y a aussi "Chrome Dreams II" et puis.....bref tu fais chier Neil avec toutes tes fulgurances!). Choix difficile vu que le gars semble avoir beaucoup de mal à passer une année sans sortir un album, souvent pour le meilleur mais quelques fois pour le pire! L'homme, à l'instar d'un Springsteen par exemple, est profondément intègre et honnête avec lui même et surtout il emmerde tout le monde! En gros Neil, c'est "I'm the law"! Lui il s'en bat les canettes des compromissions commerciales et il ne veut pas juste appliquer une certaine recette afin de plaire à son public, il veut juste faire ce qui lui passe par la tête que ce soit un album country ou un délire électrique.....Bon, et bien il faut bien avouer des fois que ses délires ne font délirer que.... lui même!

Nous sommes en 1970, et Young vient de quitter et de mettre fin à un groupe aussi mythique qu'éphémère : Buffalo Springfield c'est à peine deux ans d'existence et trois albums! The Loner ne reste pas seul longtemps puisqu'il vient d'accepter de faire partie d'un des plus grand super groupe de cette décennie, les Beatles américains, à savoir Crosby, Stills, Nash and Young donc... Cela débouche sur l'immense "Déjà vu" et la participation des quatre fantastiques au festival de Woodstock! Enfin participation....Ne cherchez pas à retrouver Young sur les images d'archives puisque ce rebelle a refusé de se laisser filmer! Sans remettre en cause la sincérité des autres artistes, Neil à été un des seuls à avoir le recul nécessaire pour se rendre compte de la grande fumisterie de Woodstock.
Neil n'en délaisse pas pour autant sa carrière professionnelle, bien au contraire, et s'attaque donc à son 3ème album solo! Situé après son très bon "Everybody knows this is nowhere" et juste avant son "Harvest", son plus grand succès qui préfigure l'arrivée de sa Ditch Trilogy, "After the gold Rush" est un chef d'oeuvre!
Inspiré d'un scénario de film qui ne verra jamais le jour (un tremblement de terre provoque une vague géante qui englouti Topanga Canyon) écrit par l'acteur Dean Stockwell (mais si, le Al de Code Quantum ou encore le frère Cavil de Battlestar Galactica), Neil Young nous offre un petit bijou mélangent Country rock et folk! Pour cela, il s'entoure de la crème de la crème avec Danny Whitten (Pilier de "Crazy Horse" disparu trop tôt et à l'origine de la Ditch Trilogy), son compère Stephen Stills et l'incontournable Jack Nitzsche! Sans oublier un jeune talent prometteur de même pas 20 ans répondant au doux nom de Nils Lofgren! Un jeune homme qui aura une carrière solo discrète mais de grande qualité (lancée grâce à Neil d'ailleurs), et qui atteindra la gloire au sein du E-Street Band d'un certain Bruce Springsteen! Guitariste pour deux des plus grands monstres du rock, on a vu des carrières moins réussies..Il apportera ici son écho à la guitare, bien sûr, mais aussi au ....piano!

Tout commence tranquille avec un homme et sa guitare pour le contry folk "Tell me why" où il marie sa voix avec celle de Stills sur le refrain. Puis arrive ces sublimissimes notes de piano sur la chanson titre, pour un manifeste écologique où il est question de l'invasion de chevaliers en armure et de la fuite de Mere Nature (est-il utile de préciser que Neil Young était adepte de la fumette?)! Ensuite arrive la terrible mais splendide constatation que "Only love can break your heart" à priori inspirée de la rupture entre Graham Nash et Joni Mitchell)!
Et là, rupture de rythme avec le brûlot anti raciste "Southern Men" qui annonce un aspect plus rock et un plage de guitare entêtante suivi d'un court intermède plus joyeux avec la ritournelle "Till the Morning Comes".
Retour à une certaine nostalgie avec la reprise de "Oh lonesome me" de Gibson. Arrive ce qui est pour moi une de ses plus belles chansons, bien poignante comme il faut : "Don't let it bring your down". Difficile de faire mieux que Neil et son piano, la preuve avec "Birds". Retour aux guitares pour l'entraînant "When you dance, I can really love" puis on se pose à nouveau avec le prémonitoire "I believe in you" qui annonce la fin prochaine de son mariage! Et un petit "Cripple Creek Ferry" plus léger, histoire de ne pas se quitter le coeur trop lourd!


Pour enfin conclure, je ne peux pas dire que tout Neil Young se retrouve dans cet album vu l'éclectisme du bonhomme (parrain du grunge, il a également touché à la country pure et dure, au rockabilly, à la fois hippie et punk, avec des albums splendides et d'autres qui partent sérieusement en couilles.....bref purement et totalement inclassable le bonhomme) mais une bonne partie de ce qui fera son succès est présente ici : sa voix haut perchée, l'influence de la magie des harmonies vocales de CSN&Y, le piano, son jeu de guitare, la beauté de ses introspections et de ses rêveries...
"After the Gold Rush", avec ses désillusions amoureuses, sa nostalgie, son pamphlet écologique, sa dénonciation politique du racisme, fait de Neil Young et de son look , un des nouveaux porte étendard de la génération peace and love! Mais Neil Young ne serait pas Neil Young, si il ne prenait pas un malin plaisir à fracasser cette image dans les albums à venir ensuite....

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le 15 nov. 2014

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Kowalski

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