After the Mud, after the rain
Le rock psychédélique a marqué toute une époque. Des groupes comme les Black Angels et Brian Johnson Massacre perpétuent son héritage. La terme aurait été inventé par 13th Floor Elevator pour décrir leur musique. Je le décrirais comme la fusion d'un son et d'un état d'esprit. C'est l'expérience mystique, les hallucinogènes, des références comme Kerouac et Burroughs, je vais pas m'appesentir là dessus. Le son renvoie à la découverte d'instruments de la musique traditionnelle indienne, africaine mais également d'innovations dans la production du son avec des effets comme les Wah-Wah, le fuzz, qui contribuent à mettre la guitare en avant. C'est cette option qu'a retenu Marshall Chess quand il décide de produire Electric Mud, The Howlin' Wolf New Album et, dans une moindre mesure After The Rain. Et là j'en viens au propos de cette critique :
Comme je l'ai dit dans ma précédente critique d'Electric Mud, album de génie de mon point de vue, le Blues de Chicago, électrification de Blues rural et associé à une distribution plus importante perd de l'audience dans les années 1960. Le rock psychédélique, est, lui, en plein ascension. En 1967, les Stones enregistrent "Their Satanic Magesties Request", étrange parenthèse dans leur carrière. Hendrix est au sommet de sa gloire et c'est de Hendrix, héritier de tout ces vieux bluesman que s'inspire Chess quand en 1968, pour booster ses ventes, il "propose" à Muddy Waters un album de Blues psychédélique : Electric Mud donc. Waters est un peu désorienté, n'apprécie pas trop l'album que la critique le massacre. Chess réhitère l'expérience avec Howlin' Wolf dont il intitule l'album "This is Howlin' Wolf's new album, he doesn't like it, he didn't like his electric guitar at first either", un cran en dessous d'Electric Mud, disons-le.
L'album After The Rain s'inscrit dans cette évolution mais marque cependant un pas en arrière. The Wolin' Wolf new album n'a pas eu plus de succès qu'Electric Mud et les fans de Blues se sentent quelque peu trahis. Comment conquérir un nouveau public, à l'époque féru de guitares acides et de synthés éthérés tout en gardant le soutien des puristes du Blues ? After The Rain est en quelque sorte un compromis. On retrouve les duo Upchurch/Cosey à la guitare mais c'est souvent Muddy Waters qui assure le lead alors qu'il n'était qu'au chant sur Electric Mud. On le sens du coup plus à son aise, en terrain connu : Chess lui a rendu la barre. Celà se remarque dans le répertoire de l'album : Alors que Electric Mud comportait principalement des reprises (Dont une des Stones), la grande majorité des pistes de After The Rain sont signées par Muddy Waters. On retrouve Otis Spann au piano, partenaire de longue date de Muddy Waters ainsi que l'harmoniciste Paul Oscher : On retourne vers quelque chose de plus classique.
Que retenir de After The Rain ? Un retour vers le Blues tout en apportant une puissance sonore supplémentaire. Cet album est, de mon point de vue, moins intéressant que Electric Mud mais il reste un très bon album de Blues avec une touche de piquant en plus, bien appréciable. La reprise de Willie Dixon, "I am the Blues' est vraiment bonne. Les guitares de Upchurch et Cosey, plus en retrait, nous offrent quand même de bonnes surprises, les lignes de basses sont fantastiques, la patte de Muddy Waters, plus évidante sur cet album, est toujours appréciée.