Agartha
6.4
Agartha

Album de Vald (2017)

Valentin est grand, Le monde est trop petit !

J'ai supprimé ma première critique que j'avais écrite à chaud le week-end de la sortie de l'album, car je ne suis plus vraiment d'accord avec ce que j'ai écrit, et je veux partir sur une critique totalement différente. À savoir, faire des petites critiques de tous les morceaux, tenter de trouver des significations à tout ça.
C'est sûrement ma critique la plus longue donc installez vous...
Eh ! Mais partez pas !



Dissection d'un chef d'œuvre



Acacia: Introduction de l'album et direct on retrouve les délires de Vald, la thèse des illuminati, des reptiliens, la mise en garde face à ça. Le morceau commence tranquillement et explose à la fin, Vald part totalement en couilles, parfois dans l'égotrip mais on ressent toujours l'esprit NQNT, c'est pas un de mes morceaux préférés mais il s'écoute sans mal, la technique est présente avec des rimes très recherchées et des références atypiques ("les soucoupes de la société Vril" qui viennent de The coming race un roman de 1871 qui parle d'une société vivant sous terre et ayant des pouvoirs psychiques). Il termine en samplant une phrase de Sylvain Durif dit Le Christ Cosmique: "Je suis le grand monarque". Pas de doutes, Valentin est toujours perché et son album le sera tout autant.
"J'veux visiter l'centre de la Terre, tellement d'choses haïssables en surface"


Mégadose: Deuxième extrait de l'album ce titre est un des rares où VA est premier degré, il est d'ailleurs obligé de le préciser en début de chanson, pas grand chose à dire dessus si ce n'est qu'il dénonce la société à juste titre, comme étant surconsommatrice et qu'elle en est consciente mais que ça lui va très bien. La technique, les images, les références sont toujours au rendez-vous, je me dis simplement que quand Vald est premier degré il frappe juste et c'est appréciable. Il n'oublie pas tout de même les théories du complot, la franc-maçonnerie, etc, il parle même de 33ème degré (Le plus haut grade de la franc-maçonnerie).
"Le marché nous a baisé, j'regarde les frères se faire rabaisser
Pour un salaire se faire enlaisser
Fermer sa gueule, ne faire qu'encaisser
S'empresser d’s'engraisser sans précédent"


Si j'arrêtais: Une de mes préférées de l'album, elle bénéficie d'une super prod déjà et toute la chanson est une perle. Le premier couplet parle du rejet de la jet-set et de la société en général avec cette phrase qui rappelle celle de Booba: "Plus j'côtoie l'Homme, plus je l'aime de moins en moins".
Le deuxième couplet est un égotrip, il termine le refrain par "Sullyvan est grand, le monde est trop petit." et démarre ce couplet par "Et le monde est tellement grand " sous-entendu je suis plus grand que le monde qui lui est pourtant immense... Il conserve cet esprit de contradiction dans ses mots que j'apprécie.
Il enchaîne avec des références cinématographiques pas mauvaises du tout: Casino, Matrix et Le seigneur des anneaux, j'aime les petits clins d'œils au cinéma dans le rap.
Le troisième couplet repart dans le thème "des reptiliens-illuminatis", ça va arriver il faut se préparer !
"Pas d'fausse modestie
J'manie l'crom et l'Bic comme Joe Pesci"


Je t'aime: Chanson qui m'a fait bondir de mon siège la première fois ! Je me suis demandé si on l'avait perdu à tout jamais ou pas... Alors qu'en fait.
Cette chanson est géniale, Valentin se livre dessus tout en restant dans ses délires étranges. Le premier couplet est une déclaration d'amour pour sa copine qu'il a perdu, mais il ne va pas se mettre en avant dans ce passage, il se dévoile de façon crue sur son rapport avec les autres femmes, toujours dans les métaphores il fait comprendre à son ex qu'il n'y a qu'elle qui compte.
Le deuxième couplet est une ode à l'amitié masculine, pas besoin de trop expliquer, les potes c'est important et Vald est très explicite là dessus.
"Je t'aime comme si tu étais moi"


Totem: Une des chansons que j'aimais le moins (au début) et finalement à force d'écoute je ne l'a trouve pas en dessous du reste de l'album. C'est un égotrip, rempli de rimes multisyllabiques magnifiques, qui sur fond de critique des moeurs de notre société pousse les moutons à se rebeller. Je ne sais pas si il y'a un clin d'œil à Orelsan avec "La Terre est ronde, donc il m'faut des ronds" c'est pas très clair...
"C'est moi qui dérape
Et qui rafale sur ta gueule de pochtron, ta gueule de pauvre con
Ta gueule de... Où est-ce qu'on va ?"


L.D.S: Un titre que j'aime beaucoup, excellent à chanter et pour bouger, je le trouve très musicale dans les paroles et le rythme est prenant. Sinon le thème c'est essentiellement les lunettes de soleil et leur utilisation, ici c'est pour cacher des yeux défoncés, j'aime qu'il mélange le luxe et le commun: "J'mets Versace, Rayban, Monoprix" comme pour signifier que face à la drogue on est tous les mêmes loques peu importe notre statut...
Le titre LDS fait surtout penser à LSD et confirme qu'il parle de drogues dans cette chanson.
Petite dédicace à Mac Tyer ça fait toujours plaisir...
"Sullyvan palpe comme à la morgue
Mon poing dans l'cul, comme Panacloc"


Ma meilleure amie: Encore une chanson que je n'ai pas trop apprécié à la première écoute, je me suis dit: "Ouh la il part dans un délire de pop-variété française-Lorie..." Alors qu'au final je la kiffe. Une chanson très légère, une des rares à être diffusée à la radio, qui est très douce et mignonne pour parler d'addictions à la weed (ou autres drogues), le message est caché mais pas tant que ça, en connaissant un peu l'animal on se doute qu'il ne parle pas d'une femme.
Elle vient en plus juste après L.D.S, comme une réponse au pourquoi des lunettes de soleil même la nuit, bah parce qu'il voit sa meilleure amie tous les soirs, dans le noir, sans espoir...
Il y'a un certain recul d'ailleurs face à la drogue, Valentin sait que c'est mal, que sa copine désapprouve, qu'il ne peut pas continuer toute sa vie ainsi.
Vald a déclaré que cette chanson ne parle pas forcément de drogues, en fait ça parle à tout le monde car chacun à sa propre addiction et ça peut même être une personne.
"Ma meilleure amie parle à mes potes
Et tout l'monde l'adore
Je sens son odeur depuis la porte
Je l'ai dans la peau, elle suinte de mes pores"


Néo: Cette chanson est un autre exemple de la palette de qualités de Vald et de la diversité de l'album. L'instru est un sample d'un thème de Luigi's mansion, il y'a également des extraits de la série Amicalement vôtre, c'est spécial mais ça passe bien.
Ce morceau reflète que Vald est perdu dans le monde qui l'entoure, il fait un rejet de la société, se prend pour l'élu et surtout il est perdu dans son époque. Ma théorie est que Valentin voyage dans le temps et du coup il est parfois trop dans le turfu et aussi dans le passé, sérieux qui va parler de Fréquenstar ? Qui s'en souvient ?
Ou alors il est dans la matrice et revient de temps en temps dans le vrai monde...
"Tu bosses pour l'boss qui bosse pour un autre boss
Mais l'boss du boss du boss s'en branle fièrement."


Lezardman: Cette zik est un gros délire Valdien, depuis toujours il met ses auditeurs en garde sur les reptiliens et là il passe toute la chanson à énumérer où se cache Lezardman avec un générique de dessin animé des années 80-90.
Pas grand chose à dire dessus à part que Sully parle de toutes les théories du complot (Le fluor dans le dentifrice, les pubs en subliminal dans les mangas,la division des langages...) et tout vient de Lezardman qui n'a pas d'identité à proprement parler. Tout ceci est traité avec beaucoup de légèreté malgré le danger menaçant... Dans le même genre je préfère Barème
"Lezarman contrôle les hormones, contrôles les armes, et contrôle les âmes humaines"


Blanc: Encore une chanson que je n'aimais pas au début, genre celle que j'aimais le moins même, ici Vald est en feat avec Suik'ON Blaze AD pour parler des blancs, vaste sujet...
Ils énumérent bon nombre de clichés sur les babtous et sur la couleur blanche, tout en dénonçant le racisme et le communautarisme. Vald rappeur blanc dans un hip-hop où il n'y en avait quasiment pas pendant de nombreuses années en a peut être marre d'être rabaissé à sa couleur de peau. Ils parlent également du malaise des jeunes blancs face aux erreurs de leurs générations passées (les collabos, les guerres, etc...).
Vald conclue son couplet par Blanc comme Dieu juste après avoir énoncé les pires horreurs (Le vrai méchant, le père du Sheitan, tueur en série, pédophile...) il va dans le sens du cliché qui veut que Dieu soit blanc dans beaucoup de représentation et vient casser tous les clichés par cette conclusion. Après chacun l'interprète comme il veut...
"On me considère comme un petit blanc reniflant, je dis non à la cocaïne c'est humiliant, et je fais 1 mètre 80 sale chien !"
(Oui c'est pas dans ce morceau et alors ?)


Eurotrap: Premier extrait d'Agartha ce morceau est pour moi un gros défouloir, avec son instru très techno et le flow rapide de VA c'est très rythmé. Les paroles vont également dans ce sens, Valentin s'interroge sur le rap, s'il doit forcément "prendre position" comme les autres rappeurs... Il choisit de faire l'inverse et invite l'auditeur à se lâcher. J'ai eu un peu de mal avec cette chanson au début (décidément) mais comme d'habitude j'ai fini par la kiffer et délirer dessus.
"J'retire des balais dans l'cul
T'as vu mon faciès prendre du buzz
Maintenant, t'arrives super à l'aise en stud'
Moi, ça m'fait plaisir !"


Petite chatte: Troisième extrait de l'album sorti en janvier, cette chanson est une métaphore filée de la relation de Valentin avec une femme qu'il compare à une petite chatte. Personnellement j'adore cette chanson, elle me fait rire et en même temps réfléchir aux relations hommes-femmes, elle est triste par moment également lorsqu'on se rencontre que la petite chatte n'est pas fidèle à son maître (Ouh la c'est sexiste tout ça !) Non évidemment je ne prends pas cette chanson comme du sexisme, pour moi elle est touchante et bien pensée.
"Pourquoi t'es partie chez l'voisin ?
Il joue l'maître alors qu'c'en n'est pas un..."


Vitrine: Deuxième et dernier feat de l'album, Vald invite Damso et ils enregistrent en très peu de temps à Bruxelles et la chanson a été validée par Booba. Ce morceau raconte la vie des strip-teaseuses, leurs tristes vies, à partir d'une adolescence pourrie jusqu'à finir dans des vitrines enfumées de weed à se trémousser pour survivre bêtement... Il y'a beaucoup de cynisme dans cette chanson et une confrontation à la réalité. Le feat que je n'attendais pas vraiment se révèle être un des meilleurs morceau de l'album où les 2 rappeurs donnent une excellente prestation et la prod est superbe également.
Sinon c'est amusant que Vald parle de Dieu qui danse la Macarena quand on sait que quelques temps après Dems fera une chanson éponyme.
"J'roule Marie-Jeanne sans cocaïna
J'cours après le temps et l'ocarina."


Strip: Ce morceau qui vient juste après Vitrine nous place cette fois ci dans la peau d'un client d'une boîte de strip.
C'est purement et simplement un gros putain de délire de Sully cette zik, il raconte l'histoire mais il fait également les bruitages et toutes les voix des personnages, ça plait ou pas mais pour ma part c'est mon morceau préféré.
Il ne défend plus du tout les strip-teaseuses pour le coup, il se met à la place d'un client qui n'en a rien à foutre et ne pense qu'à son plaisir sans trop dépenser. Il est choqué du prix à débourser pour pas grand chose " Pour 80 balles j'pouvais même pas lui glisser !" même lorsqu'il est interroger par un flic il répète sa frustration et le flic est tout autant décontenancé...
Bref cette chanson à ne surtout pas prendre au sérieux est excellente et je salue la performance de Valentin.
"J'espère qu'j'ai mal compris, c'est-c'est quoi ces conneries ?
Tu crois qu'j'économise pour ton cul d'anorexique ?"


Kid Cudi: Chanson référence au rappeur Kid Cudi, Vald ne souhaite pas se suicider mais il comprend la pensée d'avoir voulu en finir. Il parle également du groupe Sniper et de Du rire aux larmes car il est dans ce cas (après l'euphorie du joint revient la monotonie) et ça fait plaisir d'entendre parler de cet album un grand classique du rap français qui a rythmé mon adolescence.
La chanson parle de désespoir mais aussi d'espoir car finalement il ne se suicide pas, il a tout de même des idées bien noires et son récit est poignant.
"Scred' et dangereux comme une arme blanche
J'me lève en sachant qu'ça n'a pas de sens."


Libellule: Un morceau léger dans la sonorité mais je trouve que le thème abordé par Vald est intéressant, moi j'y vois l'envie de s'échapper, de partir de cette terre mauvaise, j'y vois aussi un parallèle avec Nirvana de Doc Gynéco avec cette phrase qui commence la chanson: "Ma meuf est belle, ma meuf est bonne" et dans Nirvana: " Ma petite amie, elle est belle, elle est bonne" et j'ai l'impression que le même sentiment se dégage des deux titres (après je peux me tromper).

"J'suis passé sous l'échelle de Jacob
Billet vert ? J'lui nique sa daronne, j'ai besoin des mes-ar d'Astaroth"


Dernier verre: Morceau qui clôt l'album intitulé Dernier verre qu'on peut aussi comprendre Dernier vers, ce morceau est très planant c'est du cloud rap dans la sonorité et les paroles, Vald est dans son personnage il plane comme sous l'effet de drogues ou d'alcool (d'où le dernier verre). Il dit dans le refrain qu'il prend un dernier verre avant de retourner en enfer, il y'a beaucoup d'interprétations sur cette phrase, est-ce qu'il part d'Agartha et retourne sur Terre (en enfer) ? Est-ce que c'est la fin de soirée et il se prépare à une nouvelle journée d'ennui (" En fait je m'emmerde je crois qu'c'est ça l'enfer !") ? On ne sait pas vraiment car c'est toujours compliqué avec VA de savoir ce qu'il pense réellement...
"J'suis comme Pégase dans les airs, pétales dans mes serres
Pétasse, prends tes aises, j'prends tes bzez"


En conclusion, cet album est énorme car aucune chanson n'est en dessous, Vald se renouvelle constamment et fait dans tous les genres. Je crois que j'avais été un peu déçu à la première écoute car j'attendais du NQNT, je voulais les mêmes morceaux et Vald a choisi de ne pas faire dans la facilité en proposant un album aux nombreuses facettes et dans lequel chacun peut y trouver son compte.



Lezarman fait sa ronde,
Quand j'te prends par derrière, je vois cligner l'œil de Sauron.
Tout niquer, chez nous, c'est inné, que tu l'veuilles ou non...


Sullyv4ռ
9

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le 1 oct. 2017

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Sullyv4ռ

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