Ce coffret promet de retrouver « Tout Toto », eh bien, ça ne sera pas encore pour ce coup-là. Le titre est un peu abusif mais le plaisir intact. Il est certes excellent, on y trouve 13 CD avec la presque totalité des albums de 1977 à 2018 avec l’EP « Live in Tokyo » de 1982 (26 mn) mais il manque les albums entre 2002 (Through the looking glass, albums de reprises certes dispensable) et 2015 (Toto XIV), donc Falling in between de 2006. Franchement dommage, c’était l’occasion d’aller au bout de l’intégrale d’une carrière exceptionnelle, pour un groupe qui a su surmonter les coups durs (mort de Jeff puis de Mike Porcaro, départ de son chanteur historique Bobby Kimball…) en se réinventant mais gardant le son rock FM qui est devenu sa marque de fabrique : des mélodies très efficaces (Africa, Hold the line, I’ll be over you…), des arrangements parfois complexes et un groupe de musiciens d’un niveau hallucinant, à l’aise sur tous les terrains. On ne dira jamais assez à quel point la rythmique formée par les frères Porcaro était époustouflante, quant à David Paich, jetez juste un coup d’œil sur une vidéo pour voir ses mains se déplacer sur le clavier de son piano ! Steve Lukather, lui, reste un virtuose de la guitare, un des meilleurs de sa génération, mais il a su quand c’était nécessaire assurer avec talent le rôle de chanteur principal. L’ensemble de ces musiciens a donné un son immédiatement reconnaissable et ça, c’est la marque des grands. L’album d’inédits « Old is new » de 2018 n’apporte pas grand-chose : Spanish Sea, Alone et Struck By Lightning figuraient sur la compilation 40 Trips around the world, les 7 autres titres sont inédits. Au rayon des chefs d’œuvre, au-moins 3 albums, Toto IV en 82, The Seventh One en 87 et Kingdom of Desire en 92. Le 1er album éponyme en 77 et le suivant, Hydra, frappe aussi très fort. Bien sûr, sur une carrière qui s’étale sur plus de 45 ans, il est impossible de ne sortir que des albums marquants. Parmi les (relatives) déceptions, « Turn Back » en 81, l’album de transition « Isolation » en 84, plus banal, le seul enregistré avec le chanteur Fergie Frederiksen (la place de Kimball n’a pas été simple à combler), ainsi que « Old is new ». Au fil des albums, on peut y écouter leurs tubes et la variété des styles qu’ils ont pratiqué, du rock parfois hard à la pop, blues ou jazz, y ajoutant des touches progressives (l’épique Home of the Brave par exemple) ou world. C’est quand même un régal à écouter avec un travail de production toujours très soigné. Pour un prix assez attractif vu le coffret, je recommande car Toto demeure une valeur sûre du rock même si le « groupe » se réduit aujourd’hui à un seul membre d’origine, Steve Lukather. Il a entamé une tournée qui est passée en 2024 par Paris avec Joseph Williams, sous le nom de « Dogz of Oz ». Chouette, un bon moment mais est-ce encore "Toto"? Paich étant à la retraite et ne faisant plus avec eux que des apparitions rares et Steve Porcaro ayant quitté le groupe, on peut légitimement se poser la question. Et les Dogz of Oz reviennent à Paris en 2025. Si je veux être juste, 8 étoiles pour l'absence de l'intégrale