On ne compte plus le nombre de disques phonographiques ayant pour titre, All The King's Horses, tout comme on ne compte pas le nombre de groupes formés sous le nom de Lung, une bonne dizaine si l'on se réfère rien qu'à la base de données Discogs.
Le Lung (ou LUNG) dont on va parler ici est un duo américain originaire de Cincinnati, formé par Kate Wakefield, chanteuse faisant sortir des sons distordus graves et parfois rugueux entre une guitare sludge/grunge et le meuglement d'une vache de son violoncelle pas banal et Daisy Caplan, un batteur barbu très chevelu. All The King's Horses est le deuxième album sorti en 2018 de ce duo de l'Ohio qui en compte désormais quatre ou cinq aujourd'hui.
Ça commence avec deux morceaux déchaînés à faire remuer énergiquement les tignasses, "The Overgrowth" et "Brock", qui entraînent furieusement. Enchaînant sans temps mort, "Butcher" avec ses paroles sombres, ralentit le tempo entre couplets calmes et refrains énervés, Kate Wakefield, de visage rappelant la chanteuse Michelle Shocked, faisant bien grincer malicieusement à un moment les cordes sous son archet. À la lecture de quelques textes, derrière ce rock indie nommé cellocore aussi farfelu que torturé et atypique, on peut relever des sujets plus ou moins sombres qui semblent liés à l'enfance, à des amours bancales, à certaines crises conjugales, à la folie et à des tares du comportement masculin qui s'héritent etc... Et il y a ces petits chœurs glacés aussi, comme on entend dans "Horsebath" et "Fault", avoisinant la mélancolie sinistre "gizmoienne" de la voix de Beth Gibbons dans le deuxième album de Portishead.
En quatorze titres, dont une reprise, avec un couplet anti-trump ajouté de "I'm Afraid Of Americans" de David Bowie, Lung, duo barjot de Cincinnati impose un style musicalement particulier ainsi qu'une énergie follement communicative et aussi brute ici qu'un album de P.J. Harvey d'il y a trente ans.
À découvrir !
Extrait de cet album, "Butcher" : https://www.youtube.com/watch?v=9fPXeGMlznc