ABC avait été un coup de foudre immédiat pour moi, avec leur brillantissime "Lexicon of Love", coup de foudre confirmé par une excellente prestation scénique le jour de la St Valentin qui avait suivi (on était en 1983). Et puis la passion s'était très vite étiolée, à cause d'un second album sans inspiration, puis d'un troisième assez consternant, suite à quoi Martin Fry avait disparu des radars, a priori du fait de sérieux problèmes de santé. C'est donc un véritable plaisir que de retrouver le glamour chic et la pétulance mélodique de ABC, ramené au duo Fry - White, dans cet "Alphabet City" de très bonne facture. "When Smokey Sings", en particulier, est un petit bijou pop qui peut figurer parmi les meilleures réussites de Martin Fry, et plusieurs autres morceaux retrouvent l'élégance suprême des premiers jours. Globalement, l'album reste néanmoins nettement en dessous de son illustre prédécesseur, paradoxalement parce qu'il demeure trop dans la même ligne tout en nous décevant par ses orientations plus américaines, plus banalement funky (la faute à la production de Bernard Edwards ?). ABC n'est plus (ou n'est "pas") un groupe exceptionnel - ça, on le savait depuis longtemps -, juste un honnête dealer de sensations sophistiquées mais superficielles. [Critique écrite en 1987 et retouchée en 2015]