Un album de Franz Ferdinand, c'est un peu comme la Saint-Valentin : on en fait un rendez-vous attendu pour la confirmation, la consécration d'un sentiment amoureux vivace. On l'attend avec impatience, en désirant que l'autre en fasse quelque chose de spécial, ait une attention qui sorte de l'ordinaire.


Sauf qu'Always Ascending, pour le coup, c'est comme la Saint-Valentin. Mais celle de la vraie vie. Celle quand tu t'attends à ce que l'autre t'offre un bijou, un parfum ou une surprise bien chiadée du genre week end. Ou simplement une boîte de chocolat si sa paye n'est pas tombée ou qu'il n'a pas d'idée et veut la jouer sécurité. Et que tu te retrouves avec un nouvel aspirateur, une friteuse ou un Thermomix, parce que le précédent est tombé en rade la veille. Bref, c'est pas le nirvana mais c'est un cadeau utile.


Mouais...


Bon, chéri(e), la prochaine fois, tu t'abstiendras, hein, avec tes cadeaux foireux.


Always Ascending procure le même sentiment de désillusion à la première écoute, qui aurait motivé un 5 sur Sens Critique. Dans une moue évoluant entre un certain scepticisme et une volonté de chercher malgré tout les bons côtés, en se persuadant que cela ne doit pas être pas si mal, au final.


Tout cela pour dire que la première écoute décevra sans doute méchamment, tant Franz Ferdinand abuse d'une electro faussement pop qui donne l'impression que le groupe ne s'est pas foulé ce coup-ci.


Et puis les écoutes s'enchaînent.


Et on a envie de sauver quelques trucs malgré tout. Et d'octroyer un point supplémentaire à la note finale.


Car Always Ascending et Lazy Boy donnent le change, sans pour autant rivaliser un seul instant avec leurs classiques les plus inspirés. Du moyen plus, donc. Sans plus. Always Ascending prendra même presque deux minutes avant de réellement se lâcher. Paper Cages, lui, suit le même chemin, mais encore de manière un peu plus passe partout. Ensuite, l'album glisse lentement dans un son peu inspiré, des mélodies anodines proches de l'anonymat morose d'un manque d'inspiration à l'impression tenace qui filerait presque par instants les larmes aux yeux, tant on sait Franz Ferdinand capable de bien mieux. Et puis parce que c'est Franz Ferdinand, merde, l'un des groupes préférés de Behind_the_Mask.


Ce sentiment culminera sans doute avec The Academy Award, Glimpse of Love, Feel the Love, qui se termine en sorte de cacophonie indigne du talent du groupe et Slow Don't Kill Me Slow. Soit presque la moitié de l'album.


On se dit que c'est triste et que Always Ascending, malgré son titre, marque un véritable coup d'arrêt dans la carrière d'un des groupes les plus réjouissants de ces dernières années. D'autant plus qu'il commet encore parfois, dans une véritable mer d'huile, quelques fulgurances rythmiques qui laissent entrevoir une faible lumière au bout du tunnel, avant que Franz Ferdinand ne les noie dans un languide qui ne leur sied pas du tout. Le meilleur exemple de ce constat, Huck & Jim, navigue à vue sans trop savoir où il va, présenté comme un top single, mais se révélant beaucoup trop quelconque pour réellement convaincre.


Et puis il y a Lois Lane, sans doute possible le meilleur morceau de l'album. En forme d'oasis précaire. Mais qui intervient bien trop tard dans l'album pour donner envie de réellement s'attacher à ce dernier opus trop anodin, trop peu rythmé ou séduisant..


Always Ascending, s'il n'est pas raté en lui-même, propose cependant trop peu de choses, surtout au prix de la musique physique aujourd'hui, pour susciter une envie durable d'écoute.


Hélas, trois fois hélas. Franz Ferdinand est passé à côté de ma Saint-Valentin 2018. De quoi nourrir un sentiment d'occasion manquée, au plaisir procuré trop fugace pour se montrer contenté par le "cadeau" que le groupe était censé nous offrir après quatre années de silence.


La Saint-Valentin est donc bien devenue une fête commerciale.


Behind_the_Mask, qui fête les amoureux en solo.

Behind_the_Mask
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le 16 févr. 2018

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Behind_the_Mask

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