American Gangster: Original Motion Picture Soundtrack (OST) par Bobby_Milk
Le Harlem des années 70 a connu de fort changement et une nette détérioration, la population quand elle le peut fuit la pauvreté, le manque d'école, le manque de travail, l'insalubrité, la violence, la drogue qui rythme le quotidien de ses rues. Un tiers de ses habitants, pour la plupart noirs, se sentent totalement délaissés et s'éloignent alors du quartier. A cette époque la Blaxploitation se développe et de nombreux films, indépendants et avec les moyens du bord pour la plupart, narrent ces histoires de rues, raconte la vie de la communauté noire pour la communauté noir avec un casting uniquement afro-américain. Une bouffée d'aire, une démarcation vis à vis du géant hollywoodien qui n'employait les noirs principalement que dans des rôles réducteurs. Des centaines de films ont ainsi vu le jour dans cette période dont les plus connu Foxy Brown, Dolemite, Shaft ou Superfly. De nos jours la Blaxploitation n'est plus mais Harlem, ses acteurs et son histoire ont inspiré beaucoup d'autres film par la suite; New-Jack City, Jungle Fever, Les Seigneurs de Harlem, Cotton Club et j'en passe. Plus récemment American Gangster retranscrivait l'un des personnages les plus respectés et charismatique de ces années 70, à savoir le gangster Frank Lucas et son parcours fascinant.
Réalisé par Ridley Scott et interprété par l'inégalable Denzel Washington, le scénario nous embarque dans cette période sombre de New-York en suivant et racontant la fulgurante ascension de ce dealer aux méthodes surprenantes et qui à l'époque était inconnu des services de police ou de la mafia. La bande sonore d'un tel film se voulait forcément imposante pour sentir et alourdir l'atmosphère du film. A défaut d'avoir convaincu Ridley Scott et Brian Grazer (producteur exécutif de la BO) pour réalisé entièrement ce projet soundtrack, Jay-Z a tout de même eu l'honneur d'avoir une de ses chansons installée durant le film. Le magnifique "Heart Of The City (Ain't No Love)" extrait de son solo The Blueprint qu'on regrette d'ailleurs de ne pas voir apparaître sur cette bande originale officielle, pourtant sorti sur Def Jam. Voulant fidèlement conserver l'ambiance Soul/Blues des 70's, ils ont principalement fait appelle au génie de Marc Streitenfield et surtout à Hank Shocklee du célèbre collectif de producteur Bomb Squad pour la recréer, ou encore intégrer des anciens morceaux de cette époque. 9 morceaux sur 14 sont des nouveaux titres enregistrés entre Avril et Mai 2007, deux exclusivités d'Anthony Hamilton dont l'énorme "Do You Feel Me", un titre des Public Enemy "Can't Truss It" introduit maladroitement ici car s'intégrant mal avec le reste, et des solos des deux producteurs principaux pour la suite.
Les anciennetés ne sont pas celle qui vieillissent le plus vite, et des titres mythiques comme "Across 110th Street" peuvent aisément à eux seul marquer les esprits, on retrouvait déjà cette chanson de Bobby Womack dans le film du même nom mais aussi dans Foxy Brown. La preuve en est qu'avec le temps les choix ne prennent pas de ride. L'ex accompagnateur de Ray Charles, le guitariste à la voix légendaire, Lowell Fulson a aussi été choisi avec sa célèbre reprise des Beattles "Why Don't We Do It In The Road". D'autres enfants du Blues comme John Lee Hooker avec "No Shoes", le duo dynamite Sam & Dave sur leur phénoménal "Hold On, I'm Comin'" ou encore le célèbre groupe familial The Staple Singers et leur tube "I'll Take You There" sont tous présents sur cette bande originale, qui finalement n'est pas si originale que ça mais qui à le mérite d'imprégner du mieux possible dans nos oreilles l'univers et l'esprit 70's.