Les sourcils courbés vers le sol, la mine sérieuse voire boudeuse, le mec sur la pochette semble sonder les âmes de ceux qui approcheraient de trop près leur regard de l'album. Véner, il l'est à en crever. Son flow découpe les mots à la machette, crus et terribles, ils se tortillent dans tous les sens en suintant leur haine, accompagnés d'instrus brutales. Il a choisi, judicieusement, de ne pas abuser de l’auto-tune ni de l'électronique cul-cul qui ces derniers temps gangrènent le rap game comme la peste noire les villages pauvres de la France profonde. J'imagine aisément que le gros type accoudé au bar, celui qui transpire la 8-6, va se sentir mal à l'écoute de L'histoire d'un negro. La rime comme seconde vie, l'honnêteté crue glissée sous la tête pour mieux rêver. Vraiment, cet album se tient de la première à la dernière note, son sérieux m'a foudroyée, quand bien même je préfère le rap français lorsqu'il ne se prend pas trop la tête, ici, la pilule est passée crème, en noir et blanc, sans temps mort. Solide, comme le pied refroidi d'un vagabond gelé, adossé à la devanture d'un grand magasin la veille de Noël.