J'ai beaucoup creusé.
La pluie ne facilitait pas ma besogne. La pelle pénétrait la terre flasque sans peine, mais la boue s'écoulait, rebouchant continuellement mon trou. Chargées d'eau, mes pelletées étaient lourdes à expulser.
Et j'ai creusé comme ça, longtemps.
Puis je suis tombé à genoux dans la bouillasse, où j'ai plongé mes mains à la recherche de
[...]
J'ai beaucoup cherché. De la boue jusqu'aux avant-bras dans la fosse gluante, des litres de pluie et de vase me tombant sur la gueule... mes doigts farfouillant, en vain, la fange noire qui m'avalait dans ses tréfonds...
Rien.
Couvert de boue, méconnaissable, je me suis extirpé du trou, non sans mal. En le rebouchant, la pluie a lavé ma peau. Puis l'averse a cessé. Bienveillants, les rayons du soleil sont venus sécher la terre et mon corps.
Maintenant, il n'y a plus une seule trace de ce champ de bataille dérisoire, la foule marche dessus sans se douter de rien.
Comme quoi, parfois, rien ne sert de creuser.