Un peu moins catastrophique que "scratch my back"...
Alors voilà, les artistes sollicités para Gabriel lors de son sinistre "scratch my back" ont fini pour la plupart à accepter le "jeu" proposé par notre ex-"artiste préféré" désormais momifié par l'ennui et le manque d'inspiration, mais avec un manque d'enthousiasme tellement visible que ce "and i'll scracth yours" est régulièrement accablant de vacuité. Car quasiment tous les "jeunes" artistes / groupes y vont de leur déclinaison sans intérêt, bien sage, de chansons finalement assez anecdotiques : le pire est sans doute la version sans aucune âme que livre Arcade Fire du pourtant amusant "Games Without Frontiers", mais Bon Iver, Regina Spektor, Joseph Artur ou Feist font à peine mieux, et la banalité règne en maître. C'est donc paradoxalement aux "vieux" que revient le rôle de sauveurs du projet : David Byrne, Lou Reed (ce sera donc son dernier enregistrement ?), Brian Eno, Randy Newman et Paul Simon s'approprient tous sans vergogne les chansons de Gabriel pour en proposer des lectures biaisées et souvent amusantes (même si pour Paul Simon, on est un peu trop dans l'évidence...). Pourtant, au final, et cela défie largement la logique de tout le reste, c'est à Elbow que l'on doit le seul moment renversant de l'album, où l'émotion nait enfin derrière ce petit jeu intellectuel et masturbatoire : la version de "Mercy Street" que l'on entend ici, paradoxalement fidèle à l'esprit de Peter Gabriel, jusque, évidemment, dans la voix du génial Guy Harvey, est cent fois supérieure à l'original et pourrait à elle seule justifier l'achat de l'album. Mais cele ne surprendra pas qui a déjà reconnu en Elbow l'un des groupes les plus essentiels de la décennie.