L' Adieu au Thrash
Le 27 Septembre 1986, au petit matin, sur une route isolée de la campagne Suédoise, le corps inerte de Cliff Burton est couché sous le bus fumant de la tournée Master of Puppets. Le Californien est...
le 29 nov. 2018
35 j'aime
11
Il aura fallu un deuil tragique à Metallica pour abandonner les ambitions de perfection de Ride the Lightning et Master of Puppets, et s'aventurer dans des territoires plus personnels, plus dangereux. L'histoire nous le dit, les trois membres restants prennent les rennes de toute l'entreprise, relèguent leur nouveau bassiste au statut de figurant, se chargent eux-même de la production... Ce nouvel album ne sera pas parfait comme l'ont été les deux précédents, mais il sera une authentique représentation des troubles du groupe à cette période de leur vie.
La production est sèche, aride. Les riffs ne sont pas mis en valeurs, ne proposent d'énergie que dans leur écriture, très peu dans leur exécution. C'est que le quatrième horseman disparu, l'envie n'y est plus. Passé la petite mélodie d'espoir en introduction, tout n'est plus que noirceur. Blackened !
La noirceur d'esprits piégés dans leurs émotions tragiques, les ramenant toujours à la mort et leur ami passé de l'autre côté. Il paraît que la place dans le bus qui a coûté la vie à Cliff a été joué sur une partie de carte. De quoi se rendre fou à force de retourner la situation dans tous les sens (et si ?). Les morceaux sont longs et alambiqués comme un fil de pensée qui ramène inlassablement à une finalité funeste, mettent à mal l'auditeur qui souffre de devoir traverser une telle épreuve.
On imagine alors le deuil du groupe comme une prison personnelle dans laquelle on se plonge, et par là d'autant plus vicieuse. Les paroles parlent d'être piégés : par l'état, par sa famille, par son propre corps... Metallica souffre, et n'a absolument aucune idée de comment s'en sortir. L'auditeur avec lui.
Darkness imprisoning me
All that I see
Absolute horror
I cannot live
I cannot die
Trapped in myself
Body my holding cell
Landmine has taken my sight
Taken my speech
Taken my hearing
Taken my arms
Taken my legs
Taken my soul
Left me with a life in hell
Un disque glacial, loin des jalons du thrash metal que le groupe a largement contribué à créer, et encore plus à populariser. La rébellion adolescente, trop puérile désormais, n'a plus lieu d'être. De notre rage, il ne reste plus que son désespoir. Le groupe ne se remettra jamais de cette épreuve, se confortant ensuite dans une popularité qui les met à l'abri de tout danger. Mais avant ça, il y a eu ...And Justice For All, et la furieuse obstination à s'exprimer par la musique.
When a man lies, he murders some part of the world
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les albums qui ont changé votre vie, Les meilleurs albums de metal, Les meilleurs albums de thrash metal, Les meilleurs albums des années 1980 et Vinyles
Créée
le 2 oct. 2022
Critique lue 534 fois
6 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur …And Justice for All
Le 27 Septembre 1986, au petit matin, sur une route isolée de la campagne Suédoise, le corps inerte de Cliff Burton est couché sous le bus fumant de la tournée Master of Puppets. Le Californien est...
le 29 nov. 2018
35 j'aime
11
AJFA est l'album le plus abouti de Metallica, mais il est aussi l'album de crise par excellence : deux chefs-d'œuvre dans son sillage (Ride The Lightning et Master of Puppets), un groupe en pleine...
le 1 févr. 2012
13 j'aime
3
Il est toujours difficile d'aborder ...And Justice for All, les avis divergent pas mal quant à la qualité de l'album. Mais d'une manière générale, beaucoup s'accordent à dire qu'il s'agit d'un...
le 5 mai 2014
12 j'aime
Du même critique
(Si vous souhaitez avoir un œil totalement vierge sur ce film, cette critique est sans doute à éviter) Kubo, par sa technique d'animation nouvelle et son envie affirmée de parcourir des chemins...
le 27 sept. 2016
51 j'aime
10
Chez Quentin Dupieux, on aime se mettre dans la peau d'animaux. C'est que comme dit l'Officer Duke (Mark Burnham) de Wrong Cops dans une révélation enfumée : "Nous sommes tous des esclaves de la...
le 20 juin 2019
48 j'aime
5
Héraclite disait il y a un moment déjà qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Les personnages se baignent, beaucoup, et effectivement jamais dans le même fleuve. Mais ce n'est pas...
le 13 mars 2018
42 j'aime
2