Yo La Tengo bénéficie d'un statut culte dans le monde du rock indé et pour cause: malgré leurs personnalités introverties, les petits gars de Yo La Tengo sont responsables depuis 1984 de dizaines d'albums fondateurs couvrant à peu près tout les styles possibles et imaginables: punk, country, folk, rock noise, hardcore, pop...


Avec Sonic Youth, ils sont certainement les plus fous et les plus versatiles des groupes indés de l'époque, n'ayant peur de rien et de personne (et certainement pas des majors), allant systématiquement là où on ne les attendait pas.
Le groupe rencontra donc un succès plutôt limité, mais les critiques ne cesseront au cours des années de défendre ce groupe unique. Yo La Tengo a d'ailleurs souvent été surnommé "the quintessential critics' band", ce n'est pas anodin!


A l'aube des années 2000 le groupe a cependant commencé à se calmer, publiant un sublimissime album de "dream-pop": And Then Nothing Turned Itself Inside-Out.
Le chant murmuré, les rythmes apaisés et les images mélancoliques évoquent fortement Sparklehorse à vrai dire, qui deux ans auparavant publiait l'éternel Good Morning Spider, ainsi que la pop divine et immaculée de Galaxie 500.
A sa publication, cet essai a beaucoup surpris par sa beauté: qui pensait en effet que ce vieux groupe de rock indé fatigué serait capable de sortir un disque d'une telle cohérence? Alors que les plus belles années du groupe semblaient déjà lointaines (comment faire mieux que l'apothéose I Can Hear the Heart Beating as One publié en 1997 ?), Yo La Tengo parait plus à propos que jamais; Spiritualized, Air et Mercury Rev notamment sont passés par là.


Ce disque sera toujours pour moi celui des souvenirs des longues nuits moites d'été, celui de la langueur et de la mélancolie des après-midi ensoleillés passés à rêvasser et à parler de l'avenir.


Comment résister à l'écoute de la sublime Our Way To Fall, l'une des chansons les plus tendres de l'univers ? Que dire de l’enivrante Let's Save Tony's House sinon que tout le savoir-faire artisanal de Yo La Tengo y est concentré et que son écoute immédiate s'impose ? Et comment ne pas replonger dans son spleen de teenager solitaire à l'écoute du petit bijou Last Days of Disco ?


C'est un album hors du temps et des modes comme on les aime, n'appartenant à aucun mouvement, exaltant une musique authentique et raffinée. Quelle douceur quand on y repense...

Rafael_S

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