Cette anthologie de chez Frémeaux reprend des textes de Céline interprétés par des comédiens et comédiennes. Si le personnage n’avait absolument rien de sympathique, il reste un des plus grands écrivains du XXe siècle et son influence reste importante (le succès énorme et récent de ces romans « inédits » opportunément retrouvés il y a quelques années, le montre bien avec des enjeux financiers gigantesques pour Gallimard, et ça n'est pas terminé...). Ici, ce sont Pierre Brasseur, Arletty qui lisent ses textes, avec une mention spéciale à Michel Simon qui avec sa gouaille célèbre, lit un extrait du « Voyage au bout de la nuit » sur la 1ère guerre, fantastique. Les chansons de Céline qu’il chante lui-même ne sont pas incontournables mais montrent une autre facette de son talent. Et puis, des interviews de Louis Ferdinand ont été ajoutées et elles sont extraordinaires. Bien sûr, il y répond, sans aucune modestie, à ses détracteurs qui le critiquent par « pure jalousie », "victime de la plus grande chasse à courre jamais organisée". "Moi j'travaille, les autres foutent rien!" lance-t-il à Louis Pauwels, lui est un « homme de style », ce que les autres ne sont pas, expliquant son travail et s’énervant quand on lui dit qu’il écrit avec facilité, c’est tout le contraire, il le répète quasiment dans chaque interview («Le travail que je fais, c’est très difficile »). À ceux qui lui reprochent de ne pas finir ses phrases, il répond : « Mais pourquoi je les finirai ?! », « Je ne fais pas le trottoir moi ! ». Il s’exprime aussi sur les différents registres de langue qu’il utilise.
Dans le CD2, il est interrogé par Albert Zbinden au moment de la sortie de "D'un n château l'autre" (29 mn) et il évoque la fuite de Pétain et Laval à Sigmaringen, il faisait partie des personnes qui les ont suivis. Mais pour lui, c'est juste un épisode de l'histoire de France dont il est le simple narrateur, un témoin détaché, absolument pas concerné pas les actions du gouvernement de Vichy qu'il a soutenu jusqu'au bout!!! "Je me suis mis dans une histoire horrible et ça m'a fallu l'opprobre...", "honni même par des collaborateurs"!!! Les questions de Zbinden sont précises et justes. C'est uniquement par pacifisme qu'il s'est rallié à Vichy (un peu facile comme raccourci, c'était le même argument que Laval avançait), pensant influencer "par vanité" la politique gouvernementale vers la paix. Il reconnait son antisémitisme, seulement car les Juifs, "une secte" affirme-t-il, "nous poussaient à la guerre". "L'armée allemande était un bon moyen d'être une force", armée qui était là pour maintenir "la paix en Europe en en France en particulier"🤮...Il avance "Je me sacrifiais pour mes semblables et ils n'en valent probablement pas la peine". Evidemment, ses propos visant à nier ses responsabilités et justifier l'inadmissible sont difficilement acceptables et on peut être légitimement dégoûté par ce qu'il dit. Il faut les prendre avec grande prudence et un vrai recul historique. Sans remplacer la lecture de ses romans, Céline restant un immense écrivain, ces textes prennent une autre dimension avec ces voix fabuleuses de Brasseur et Arletty.