Anthologie indispensable réalisée par Harry Smith en 1952 regroupant les plus grands morceaux de folk américaine des années 20 et 30. A écouter et connaître pour voir l’influence de ces morceaux sur les grands compositeurs de folk comme Bob Dylan. Cette anthologie est en trois parties distinctes : Ballads, Social Music et Songs. Un quatrième volume sera ajouté bien plus tard pour compléter cette bible de la musique folk américaine. A l’écoute de tous ses titres, on replonge dans l’Amérique des années 20-30, de ses chanteurs qui arpentaient les routes au milieu de ces paysages démesurés. Une certaine Amérique qui peut faire rêver.
Le 1er cd composés de ballades est plutôt lent mais réserve de beaux titres. Drunkard’s Special porte bien son nom, la mélodie simple, le timbre de voix donnant l’impression d’entendre une complainte. Old Lady And The Devil est intéressant dans l’exercice de style vocal du chanteur typiquement folk. The Butcher’s Boy et The Wagonner’s Lad sont de superbes ballades du même compositeur, mélange entre une mélodie de guitare rapide et une voix chantée à la manière des indiens. King Kong Kitchie Ki-Me-O est plein de charme avec l’alternance de la voix et le sifflement donnant un air assez entraînant. Old Shoes And Leggins a une structure folk classique avec un violon pour accompagner la guitare et l’harmonica. A Lazy Farmer Boy a une sonorité assez celtique avec sa mélodie de violon. Peg And Awl a une mélodie très charmante et un duo de de voix efficace qui s’alterne très bien. John Hardy Was A Desperate Little Man est un petit chef d’oeuvre folk avec une très belle mélodie acoustique et cette voix féminine qui ne laisse pas insensible. Gonna Die With My Hammer In My Hand est un titre très entraînant avec le violon et le rythme rapide de la guitare, le duo de voix sur le refrain. Frankie est une magnifique ballade avec une guitare impressionnante, une manière de chanter proche de Bob Dylan. When That Great Ship Went Down a une orchestration intéressante donnant un côté mystique accompagné d’un duo de voix homme – femme. Down On Penny’s Farm est excellente par le chant entrecoupé de très belles mélodies à la guitare. Mississipi Boweavil Blues est un vrai blues comme le titre l’indique. Got The Farm Land Blues clôt magnifiquement ce premier volet. Le ton du chanteur et les riffs superbes des guitares donnent l’impression qu’il y a un dialogue entre eux.
La 2ème partie est la plus intéressante : social music. Il commence par des instrumentaux au violon et à la guitare (dont Old Country Stomp avec une flûte en plus). Indian War Whoop est un petit chef d’oeuvre de rythme folk. Il y a également de très bons blues (Old Dog Blue et Newport Blues) et beaucoup de chansons gospels : les choeurs de Rocky Road, le superbe duo de Judgement, l’air reconnaissable de He Got Better Things For You, la démonstration magistrale de banjo dans Dry Bones, le chef d’oeuvre absolu John The Revelator, sans doute la plus belle chanson de cette anthologie, cette voix grave impressionnante relayée par une petite voix féminine avec des accords de guitare parfaits.
La troisième partie présente essentiellement des chansons de blues. On y retrouve quelques duos homme – femme (The Mountaineer’s Countship), des titres français et de superbes compositions à la guitare comme Minglewood Blues, James Alley Blues, Poor Boy Blues, 99 Years Blues. Les ballades sont sublimes (Single Girl, Married Girl), véritables témoins d’une époque.