Harry Everett Smith est une des figures les plus importante de l’histoire de la musique Folk Américaine. Il n’a pourtant jamais écrit une seule chanson!
Harry Everett Smith était un cinéaste avant gardiste. Un vrai cinglé qui peignait sur les pellicules et usait pour ses films de techniques de collages en stop motion qui lui permettait de travailler image par image. Chaque film lui prenait des années de boulot!
Harry Smith était également un collectionneur à la limite du fétichisme. Cette passion lui vint de son obsession pour les sciences occultes. Il était d’ailleurs un fervent sataniste. Au fil du temps, il collecta une somme considérable d’objets sacrés ou religieux qui feront de lui un des plus grands expert des religions non conventionnelles. Il finira logiquement sa vie en tant que Shaman.
Parallèlement à ses obsessions mystiques Harry Smith était également un passionné de musique folk.
Il possédait une des plus grandes collection de vinyle du pays.
Au début des années 50, en proie à des difficultés financières
il proposa à Folkways Records de leur vendre son énorme collection de vinyles de musique folk américaine. Plutôt que d’accepter, Moses Asch, le président du label, proposa à Smith d’éditer sa collection sous la forme d’une anthologie.
C’est donc en 1952 que Folkways sortit la fameuse Anthology of American Folk Music, étalée sur plusieurs volume. L’Anthologie était entièrement composée d’enregistrements sortis entre 1927 (année charnière qui rendit l’enregistrement électronique possible et permit ainsi d’avoir un rendu fidèle) et 1932.
Cette anthologie déclenchera sa petite révolution à Greenwich Village. De nombreux artistes y puiseront leur repertoire ou l’inspiration pour écrire leurs propres chansons. On pense à Bob Dylan, Joan Baez, le Grateful Dead, les Byrds, John Fahey ou le poète beat Allen Ginsberg.
Dave Van Ronk lui même écrira, dans son autobiographie, qu’il n’y aurait jamais eu de révolution Folk à Greenwich village au début des années 60 sans cette anthologie qui était la bible de tous les artistes du « village ».
Elle allait aussi devenir quelques années plus tard, pour le critique Greil Marcus, une obsession. L’une des traces de cette baleine blanche et insaisissable qui selon lui fonde l’imaginaire américain .
Voilà ce qu’il écrivit à propos de ces enregistrements
« Que faire de cette expérience qui nous arrache au présent et nous met en contact avec des corps d’ici et d’ailleurs, d’aujourd’hui et d’hier, devenus des spectres qui hantent notre quotidien, y déposent leur empreinte, et jouent les fondations invisibles ? »
Cette anthologie c’est la colonne vertébrale de toute la musique Américaine. L’entendre c’est un peu comme voir le BIG BANG