la bonne époque

Remettons-nous dans le contexte et oublions les derniers tapages médiatiques qui en font une rockstar décalée dans le milieu hype Hollywoodien. Nous sommes en plein milieu des années 90, cette époque où ce qui sortait musicalement pouvait avoir le mérite d'être encore original. 1996, Marilyn Manson, un groupe encore pratiquement inconnu dans nos contrées, débarque dans les bacs des grands distributeurs et des disquaires indépendants. Déferlante chez les jeunes ados (gothiques ou pas, ils avaient l'air franchement plus authentiques à cette époque...). Et avec ce "concept album" en 3 chapitres, cette imagerie pure provocation, ce style sauvage et vénéneux à souhait avec des séances d'automutilation au programme, sûr que papa et maman vont adorer !

Je me souviens encore de ce dimanche après-midi quand tout a changé... C'était chez papi et mamie, la tarte sortait du four pendant que je jouissais du bouquet de chaînes qu'offrait le Câble dans la chambre à coucher. La famille était réunie autour de la table et les discussions allaient bon train. Tout allait pour le mieux. Je zappais sur la télécommande dans le but de me soustraire à cet ennuie pesant et c'est alors que ma vie a basculé, je devais avoir 13 ans à l'époque. Je tombe sur une vidéo qui attire toute mon attention. Plus que mon attention, j'étais hypnotisé. La musique et l'image collaient parfaitement, c'était sale, angoissant et agressif, je jetai un coup d'œil pour voir si personne n'arrivait dans le couloir, on ne sait jamais ! Je continue mon observation méthodique du clip, magnifique ! Je prends stylo et papier pour noter le titre tant attendu : Marilyn Manson - The Beautiful People.

Le lendemain au collège commence mon enquête. Internet n'était pas à la portée de tous pour ne pas dire quasi-inexistant et glaner des infos sur ce genre de trucs demandait un réel investissement. C'est auprès d'un 3ème, quelques semaines plus tard, que je trouve réconfort. Je lui parle du clip, il connait bien. il me passe donc la cassette (une Sony noire, Metal truc... enfin une bonne cassette quoi !), que je m'empresse d'aller mettre dans mon baladeur en recherche du titre en question. Finalement, ce sera le soir, dans l'internat, en haut du lit superposé que s'accomplira la prophétie. Après m'être tapé la face entière et commençant à penser que ce type s'était sûrement trompé d'album, que parfois il ne faut compter que sur soi... Je tourne la cassette et le deuxième titre de la face est le bon. Je me souviens avoir été figé, je me souviens de mes yeux grands ouverts dans le noir, de la pulsion rythmée de mon sang jusqu'à mes tempes et de cette sensation dans le ventre. Cette sensation de puissance, que rien ne peut vous atteindre, que vous êtes au-dessus de tout, une sensation d'invincibilité (IDDAD et IDKFQ dans Doom 1). Cette fameuse sensation, je suis dés lors parti à sa recherche.

Cet album, c'est du rock industriel. Non pardon, cet album C'EST le Rock Industriel ! Produit par Trent Reznor, il sonne encore plus violent et crade que les productions NIN, avec ce côté romantique désabusé en moins. Tout se suit, tout est cohérent. Y a-t'il un seul titre de pourris sur cet album ? Bien sûr on a nos petits préférés, mais tout y est monstrueusement et indéniablement bon. Et putain ça fait 13 ans que je le fais tourner sur mes platines, 13 putain d'années... Et c'est pas fini.