Je me suis (presque) fait une raison
Cinquième album de Rise Against, Appeal To Reason marque un tournant dans la carrière du groupe.
La bande de Tim McIlarth semble en effet avoir décidé de laisser l’agressivité au placard pour mettre en avant ses atouts mélodiques. Pourquoi pas.
Mais à trop vouloir toucher un public large, les mélodies deviennent moins percutantes qu’à l’accoutumée. En témoignent les différents singles : Audience of One calibrée radio et sans grande saveur, Savior efficace mais attendue, la ballade Hero of War aussi belle que facile… C’est plutôt réussi dans l’ensemble, mais on reste sur notre faim. Seule Re-Education (Through Labor) sort un peu des sentiers battus (avec notamment un riff assez dévastateur), tout en s’offrant le luxe d’être aussi efficace (voire plus) que les autres.
Le chant a naturellement suivi l’évolution de la musique, et les passages criés se font bien rares. Le groupe en perd un peu son identité, mais heureusement, même quand il ne montre qu’une seule facette de sa voix, Tim McIlarth reste un excellent chanteur, pour ne pas dire l’un des meilleurs de la scène punk.
Une des raisons pour lesquelles Rise Against peut aussi démontrer à quelques occasions que le rythme assez lent sied relativement bien au groupe, comme le prouve la jolie Long Forgotten Sons.
Toute la tracklist, à quelques rares exceptions près (Kotov Syndrome qui pourrait presque figurer sur The Sufferer And The Witness) s’éloigne lentement mais sûrement du reste de la discographie du groupe, et déçoit grandement lors des premières écoutes.
Le choc passé, le disque s’avère être réussi, plein de belles mélodies, de refrains imparables (mis à part celui d’Hairline Fracture que j’ai toujours du mal à supporter), avec un chant toujours irréprochable, et proposant même quelques vrais bons moments (l’excellente Entertainment, Whereabouts Unknown et son côté émotionnel qui vient nous rappeler le talent de RA dans le domaine…)
Au final, Appeal To Reason a quelque chose de beau et de détestable à la fois.
Le genre d’album qu’on est heureux de posséder, et qui pourtant nous laisse plein de regrets…