ART OF LIFE
7.9
ART OF LIFE

Album de X JAPAN (1993)

Composé par Yoshiki le leader, batteur et pianiste du groupe X JAPAN, Art of Life est un morceau sorti en 1993. Travaillé pendant plusieurs années, Art of Life fut enregistré avec le London Philharmonic Orchestra.
Il s'agit du morceau le plus long du groupe.


X JAPAN faisant du metal à cette époque, il est aisé de retrouver cet aspect dans Art of Life avec une batterie puissante et des guitares déchainées.
Le morceau débute avec beaucoup de tranquillité (ressemblant alors à une ballade plus classique) puis va changer d'ambiance et rythme de manière cyclique; nous pourrions considérer l'œuvre comme étant découpée en actes telle une pièce de théâtre.


Le but ?


Il suffit de lire le titre, les paroles et les oppositions qui y sont faites pour comprendre qu'on nous présente ici un voyage dans notre propre existence ; celle de l'Homme (nommé ici la "Rose") et dans la recherche de notre "Art de la vie".


Pour comprendre le pourquoi de cette recherche de la part de son auteur, il est à noter que Yoshiki a perdu son père alors qu'il était très jeune. Malgré toute la communication faites autour de cet évènement de la rockstar, il apparaît évident que c'est le genre d'élément qui ne peut que vous marquer et modifier votre perception de la vie. Surtout lorsque vous êtes un gamin lorsque votre père se suicide.
Sans faire le psychanalyste de bas étages, il est probable qu'il ait développé un côté hyper-sensible ("une cicatrice à jamais ouverte" déclarera-t-il), expliquant l'aspect Néo Romantic qu'arborait le groupe dans les années '90 (ainsi que certaines "niaiseries" musicale. Coucou Forever Love...).


Pour revenir à Art of Life, Yoshiki mise sur l'émotion du titre plus que sur la technique qui, du reste, est évidemment très travaillée. Le schéma musical est tel qu'il nous emmène dans une véritable palette d'émotions via des changements de rythmes et dans l'orchestration. Parfois complètement détruit, on se plaît à retrouver de l'espoir quand tout retombe brusquement sur nous. Comme si nous portions un fardeau énorme sur les épaules et qu'après nous en avoir un peu délesté, celui-ci nous retombait brutalement dessus pour nous écraser au sol.
Les paroles -en Anglais- sont travaillées, incisives et des phrases marqueront forcément qui les écoutera:


"Je construit un mur dans mon cœur car je ne veux pas laisser mes émotions en sortir. Regarder le monde m'effraie, je ne veux pas me voir perdu dans tes yeux"
ou encore
"Si tout n'est qu'un rêve, alors réveillez-moi... Si tout n'est que réalité, alors tuez-moi !"


Mais là où le morceau prend, son intérêt majeur, c'est lorsque tout est mis de côté pour laisser place à une partie simple et presque solennelle : le Piano.


S'enfoncer


Ce passage tranchant radicalement le morceau en deux pourrait rebuter; il ressemble à de l'improvisation alors que tout ce qui l'entour est extrêmement précis et c'est là son génie. Certains pourraient n'y entendre que du bruit lorsqu'il devient presque folie pure pour revenir vers quelques choses de plus calme, laissant l'impression que la tempête est passée pour frapper encore plus fort et verser dans une sorte de destruction de "la Rose".


Il est clair que sa position dans le morceau -en plein milieu- n'est pas un hasard : Il s'agit là du pilier de l'œuvre, si bien qu'on pourrait presque en retirer le reste. L'essence se trouve dans le piano.
Cette partie n'est pas immédiatement accessible car on aura le premier réflexe de le trouver artificiellement étiré car répétitif. Sans compter que l'aspect "impro" peut rendre le tout dérangeant à l'oreille, mais c'est bien là sa force ; Ce sentiment désagréable est exactement le but recherché par le piano.
Si le morceau n'était fait pour être qu'agréable, il aurait clairement raté son objectif; nous faire ressentir diverses émotions pour illustrer ce qu'est la Vie.


Se relever


Alors que le combat intérieur fait rage, la mélodie revient avec douceur pour laisser de nouveau place à l'orchestre. Comme si la tempête était passée et que la réponse sur la vie était trouvée. Lorsque les guitares et la batterie sont de retour pour jouer de la même manière qu'avant ce déchirement, nous ne savons pas quelle réponse et vision de la vie Yoshiki souhaite nous donner.
Mais lorsque les paroles surviennent, elles sont positives:
"Je brise le mur dans mon cœur car je veux laisser mes émotions s'en échapper. Personne ne peut m'arrêter, je cours vers la liberté".


Arrivé à la vingt-septième minutes, le tempo change radicalement, illuminant le morceau de manière presque majestueuse avec un retour du piano. Ce piano, cette fois, il est seul et on le sent puissant, apportant aux autres instruments une touche de grandeur.
Dans son dernier acte, au bout d'un chant glorieux, tous les instruments se taisent pour faire ressortir le mot le plus important du morceau, "Life" (Vie) qui résonne avec magnificence jusqu'à la dernière seconde.


Art of Life n'est pas facilement abordable principalement à cause de sa partie au piano qui peut déranger et apparaître désagréable à l'oreille. Malgré cela, si l'on ne se réfère pas uniquement à la première écoute, ni à une écoute oisive, le morceau apparaît comme une oeuvre profonde et mature qui peut amener l'auditeur de remettre en question ses propres doutes, continuer à chercher avec espoir des réponses dans sa vie pour, en définitive, se relever et faire de son fardeau, une force.

JeanBeudebois
10
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le 26 nov. 2020

Critique lue 225 fois

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