C'est fini la traversée du désert ? Mine de rien, Killswitch Engage peut maintenant, avec ses deux décennies au compteur, s'affirmer comme un "vieux groupe". Et histoire de bien rappeler qu'ils ne font pas partie des darons du metalcore pour rien, ils vont célébrer ça avec une bête de nouvel album.
Après un enthousiasme général soulevé par le retour du chanteur originel Jesse Leach en 2012, ce fut un peu la douche tiède. D'abord, un "Disarm the descent" correct mais pas aussi bon que ce qu'on pouvait espérer des géniteurs d'Alive or Just Breathing et même clairement en dessous du formidable potentiel que Jesse et Adam avaient annoncé dans Times Of Grace, "l'autre" projet de ces deux musiciens historiques du groupe. Puis un "Incarnate" oubliable et oublié depuis.
Cet Atonement, je ne comptais même pas vraiment l'écouter, malgré les petits effets d'annonce (la présence du talentueux HowJo, remplaçant de Jesse durant ses presque 10 ans d'absence au sein du groupe, comme guest). Et puis, la nostalgie et les retours encourageants de quelques éclaireurs ont fini par l'emporter. Ces héros de mon adolescence savent toujours séduire, et cette fois, ils y mettent toute la patate dont on les sait capables.
Atonement (expiation en français) sonne presque comme une lettre d'excuse. On y retrouve la formation américaine, dans tout ce qu'elle sait composer de meilleur. Les titres de l'album sont de trois sortes: les pains dans la gueule ("Bite the Hand that feeds", "Crownless King", "Ravenous", "Know your Enemy" et le déjà-classique "The Signal Fire", avec HowJo); les chevauchées mélodiques ou évoquant le heavy à l'ancienne comme "I can't be the Only One", "Take Control"; et enfin les titres un peu plus lents comme "Us against The World", "Unleashed", "I am Broken Too"
Killswitch Engage maîtrise, il n'y a aucun doute à avoir là-dessus.Ils manient leurs codes mieux que quiconque. Leur recette, tout le monde la connaît: une alternance entre vocaux extrêmes écorchés et mélodieux, des riffs heavy/thrash parfois death ponctués de superbes twin-lead hérités de la scène suédoise et d'Iron Maiden, une section rythmique qui bastonne à volonté.
Tout ceci est exhibé de main de maître tout le long de la quarantaine de minutes que dure Atonement. On en ressort avec la pêche, et pourquoi pas l'envie de rejouer l'album. J'ai pour ma part, une certaine préférence pour les titres les plus rapides et bourrins, le morceau final "Bite the Hand that Feeds" en particulier assène les riffs comme à la belle époque d'un "Vide Infra" ou d'un "Declaration". Les deux titres à guests sont eux aussi particulièrement jouissifs. D'un côté, celui avec Chuck Billy des mythiques Testament amène un beau duo vocal et c'est l'instant émotion garanti au visionnage du clip de "The Signal Fire" au moment où Howard Jones se montre à l'écran. Le très bon "As Sure as the Sun will Rise", va même jusqu'à laisser pleuvoir les blast-beats sur certains passages, une agressivité qu'ils n'avaient plus beaucoup affiché depuis quelques années.
Je garde malgré tout une certaine tendresse pour les titres plus proche du heavy traditionnel comme "I can't be the Only One" et "Take Control". Adam Dutkiewicz laisse à nouveau parler ses talents de guitariste-soliste, lâchant quelques jolies successions de notes sur une bonne moitié des morceaux, ce qui fait très plaisir et fait taire l'impression qu'il se lâche seulement à ce niveau chez ses projets parallèles comme Serpentine Dominion (avec Corpsegrinder de Cannibal Corpse et Shannon Lucas) ou le déjà-cité Times Of Grace.
Beau retour les gars, bravo. Et maintenant, vivement qu'Adam et Jesse rebossent sur un deuxième album pour Times Of Grace !