L’art du contre-pied est une spécialité d’Higelin. Autant Illicite est lumineux
et positif, autant ce Aux Héros De La Voltige de 1994 est noir et négatif. Enfin
pas tout à fait, on y trouve tout de même un peu de légèreté avec la joyeuse
"Sur La Grande Roue", contemplation de Paris depuis une nacelle, ou le conte
asiatique "Le Dragon, Le Tigre Et La Geisha", amusant mais lassant, et enfin "Le
Naïf Haïtien", évocation de la peinture naïve des îles. Le reste est sombre et
le plus souvent chanté avec une voix d’outre-tombe. L’album s’ouvre pourtant
avec une belle musique aux instruments acoustiques, mais qui servent un texte
relativement déprimant : « la mort est toujours proche, la mort est toujours
là…la mort est "Le Berceau De La Vie" ». "Adolescent" est également une belle
réussite du point de vue de la composition mais le chant très grave la rend
pénible (sauf sur la belle partie lyrique). Les autres morceaux sont des rocks
durs comme Higelin n’en a pas fait depuis longtemps, malheureusement dépouillés
d’énergie (sauf "Hot Chaud" et son saxo endiablé). Les titres
"Électrocardiogramme Plat" et "Trou Noir" sont plutôt glauques avec des
descriptions d’overdoses et phobies en tout genre. Même "Aux Héros De La
Voltige", hommage aux aviateurs qu’Higelin admire, tombe à plat à cause d’une
musique sans relief. Bref, un album qui sent le passage à vide avec des
performances approximatives, sauf sur quelques chansons qui sortent du lot.