Y'a pas de secret : Avril Lavigne n'est pas une grande artiste, c'est une jeune femme qui vend des produits à travers sa musique, quelque chose de calibré pour plaire à un public assez large.
Et tout en étant conscient de ce fait, j'ai quand même une sympathie pour ses trois premiers albums, car même si c'était marketé à outrance, le résultat est plutôt amusant, et je ne suis pas fondamentalement opposé à ce que la musique nous donne l'impression d'avoir 14 ans à nouveau à travers des sonorités Pop-Rock génériques, du moment que c'est fait avec un certain goût.
Goodbye Lullaby était pour moi un échec car les ballades qui constituaient la majorité de l'album étaient plutôt ratées à mes yeux, fades et sans intérêt. Elle est revenue en 2013 avec un album éponyme et deux singles très prévisibles, à savoir Rock 'n' Roll et Here's to Never Growing Up.
C'est à partir de cet album que Lavigne commence à jouer sur le fait qu'elle vieillit plutôt bien, et c'est pour ça qu'on la retrouve dans le clip du dernier titre dont je viens de parler lookée comme lorsqu'elle avait la 20aine au début des années 2000.
Mais parlons plutôt de la musique : au bout d'un moment ça ne marche plus. Je ne peux pas écouter une femme qui a presque 30 ans nous dire que "c'est trop rock'n'roll d'écouter la radio" et "ne pas grandir c'est bien", la naïveté de la jeunesse n'est plus là. Le côté rock est encore plus lissé qu'à l'accoutumée avec des titres qui semblent sortir tout droit d'un algorithme. Et ce n'est pas un hasard puisque son compagnon de l'époque (et accessoirement chanteur de NickelBack), Chad Kroeger, co-écrit et co-compose de nombreux titres. Ca s'entend, beaucoup. Si tu prends une artiste déjà étiquetée Pop-Rock commercial et que tu passes un filtre NickelBack sur sa musique, t'es obligé de te retrouver avec de la soupe. Et quand on en arrive à des extrêmes comme Hello Kitty qui semble surfer sur toutes les modes de 2013 (le Japon qui est trop kawaii et la DubStep) mais chanté par une presque trentenaire qui prône l'amour du "Rock 'n' Roll", ça ne marche pas du tout.
Tout n'est pas à jeter dans cet album, je trouve étrangement une certaine personnalité dans les quelques ballades écrites uniquement par Avril Lavigne, sans l'intervention d'un co-auteur ou co-compositeur. Ça ne vole pas bien haut mais au moins ça vient d'elle quoi. Bad Girl avec Manson avait aussi du potentiel, on sent un hommage plus ou moins appuyé à Call Me de Blondie, et sans le Delay dégueu sur la voix de la chanteuse ça aurait donné un petit morceau sympathique. Mais fore est de constater que la reprise de Bad Reputation dans l'édition Deluxe sonne étrangement plus comme du Avril Lavigne que tout le reste de l'album. Je sais bien qu'il faut se renouveler, mais si c'est pour le faire qu'à moitié et en produisant quelque chose de bien moins bon qu'avant, autant rester dans sa zone de confort.