Dans la première partie de leur carrière, les virtuoses de Dream Theater sortent plusieurs albums très colorés, plein de jeunesse et de mélodies : ce sont Images And Words, Awake et A change of seasons qui marquent le plus cet âge d'or. Je crois qu'Awake fournit un bel exemple de ce qu'on appelle un album difficile d'accès. Les premières écoutes sont fatigantes voire pénibles, mais sont ensuite récompensées par un accès à une incroyable richesse musicale : l'album recèle de trésors de subtilité que l'auditeur découvre au fil du temps.
Remarquons aussi la parfaite synergie entre les musiciens ; Portnoy est excellent sans trop en faire ; Moore, très inspiré, ne prend pas pour autant trop de place (malheureusement on ne pourra pas en dire tant de Jordan Rudess - pourtant j'aime bien ce pianiste mais je trouve son excentricité nuisible à Dream Theater) ;
Petrucci, dont la technicité n'est plus à démontrer, nous offre comme toujours quelques solos épiques dont on se souviendra.
Il y a de tout dans Awake : de la violence, de l'espoir, de la mélancolie … Des passages néoclassiques (par exemple à la fin du morceau instrumental Erotomania) côtoient de nombreux passages jazzy (après tout Petrucci, Myung et Portnoy sortent de Berklee). Parmi des morceaux très métal (certains trouvent Awake plus hard que Images and Words) on trouve aussi deux ballades. La première, très légère, stratégiquement placée au milieu de l'album, permet à l'auditeur de reprendre son souffle en écoutant Labrie accompagné par une guitare acoustique. La deuxième, une ballade au piano, plus profonde et mélancolique, clôt merveilleusement l'album.
Mais pour moi les deux pièces maîtresse de l'album qui constituent sa réserve infinie de saveurs et d'émotions sont les deux morceaux les plus longs : Voices et Scarred, qui durent une dizaine de minutes chacun.