Grammy largement mérité. L'album ravira les nostalgiques de soul et de funk à coup sûr. Entre les productions magistrales de certains morceaux, les chœurs inspirés et la voix aigüe de Donald Glover, on ne sait plus où donner de la tête. Et c'est aussi le défaut principal de l'album, qui se veut l'hommage explosif d'une époque révolue, sans pour autant chercher à la réinventer.
Une jolie pièce, une aventure esthétique, un tableau délicat, mais qui manque un peu de propos et de poésie alors que les vibratos deviennent parfois assourdissants. Ce n'est plus la modernité, mais le spleen des années 70 que l'on vient chercher dans cet album, qui est pourtant loin d'être poussiéreux. Sans rien apporter de surprenant aux genres musicaux dont il sublime les codes, Childish Gambino utilise quand même un peu d'autotune par moment, détail évidemment parfaitement maîtrisé et qui ne dissone pas du tout lors de l'écoute.
Le mystère du personnage perdure. Certains d'iront qu'il s'agit d'un simple projet musical, moins introspectif, moins romancé, qui traduit seulement les sentiments de l'auteur face à sa nouvelle paternité. D'autres y voient le prequel du projet précédent, qui racontait la vie et les tourments de "The Boy". Awaken, My Love ! pourrait être le récit du père du jeune homme, transposé dans une autre époque, récitant d'autres moeurs, rencontrant d'autres difficultés.
Quoiqu'il en soit, chaque morceau s'approche du chef-d'oeuvre, même si l'ensemble, trop virtuose, en devient parfois indigeste par moment. Mention spéciale à Baby boy, Redbone, Terrified et Zombies et aux intonations incroyablement sensuelles de la voix de Donald Glover, douce et éraillée.