Ca ne fait que 6-7 ans qu'AC/DC asperge le monde de ses effluves tirées d'un cocktail composé d'une base de blues puis de sueur, de sang, de cuir, de graisse, de pneu brûlé, de bière chaude et de whisky écossais savamment marinées sous le soleil australien, le cousin de l'Enfer. Mais de ce "Back In Black" émane désormais le parfum de la mort, celle de Bon Scott, assassiné 8 mois auparavant par son propre vomi !
Plutôt que se morfondre et s'autodétruire, le groupe se voile de noir, recrute Brian Johnson dans le rôle du nouveau hurleur et électrocute impunément le Rock en transperçant ses organes de 10 éclairs fulgurants. Les frangins Young font gicler de leurs SG certains riffs comptant parmi les plus mythiques de la création ("Hells Bells" & "Back In Black") et entérinent LA définition ultime de ce qu'est une guitare électrique.
Cette 7ème galette est un alliage de rage et de fureur, une jouissive profanation de leur chagrin, le viol de la Mort sur la tombe de leur frangin rapatrié trop tôt en Enfer par cette salope. Binouze à la main, durant cet acte de 42 minutes, AC/DC éructe sur la baise ("Let Me Put My Love Into You", "You Shook Me All Night Long", "Givin' The Dog A Bone"...), honore dignement Bon Scott ("Have A Drink On Me", les cloches qui sonnent le glas en ouverture de "Hells Bells") et braille à sa mémoire un discours proclamant le futur et intimant avec 15 ans d'avance à Lenny Kravitz et Marilyn Manson de fermer leurs gueules :
..."Are you deaf you wanna hear some more ?
We're just talking about the future
Forget about the past
It'll always be with us
It's never gonna die
Never gonna die
Rock n' Roll ain't noise pollution
Rock n' Roll ain't gonna die
Rock n' Roll ain't noise pollution
Rock n' Roll it will survive"...
2ème album le plus vendu pour l'éternité derrière "Thriller", les 50 millions de "Back In Black" ont imprégné de nombreux groupes les influençant avec plus ou moins de discrétions : The Cult, Guns n' Roses, Trust, Cinderella, Darkness, Jackyl, Metallica (rien que pour la pochette du "Black Album")...
Asséchés comme des raisins secs par le meilleur de leurs coups, 10 ans leur seront nécessaire pour se remettre de l'euphorie et de la gueule de bois causées par "Back In Black" avant de raviver partiellement leur feu sacré sur "Razor's Edge".
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