Réécouté dans la foulée du beau film "Amy", "Back to Black" peut en 2015 être considéré comme un classique "uchronique", grâce à la voix d'Amy qui tutoie les accents des grandes divas soul et jazz, et grâce aussi, il faut le reconnaître, à la production parfaite de Mark Ronson, qui avait su retrouver la justesse des disques des 50s et 60s, sans rien perdre de la pertinence de la musique par rapport aux années 2000 : s'il n'y avait les textes, furieusement intimes, terriblement honnêtes d'Amy, "Back to Black" pourrait être un album des années d'or de la musique noire américaine. Ceci dit, "classique" ne veut pas dire "chef d’œuvre" et le succès planétaire - déclencheur du désastre pour Amy - de "Back to Black" ne peut que paraître disproportionné par rapport aux qualités intrinsèques de la plupart des chansons qui le composent : il est indéniable que Amy Winehouse n'en était encore qu'aux balbutiements d'une carrière (de compositrice) qui aurait dû, sur au moins 20 ou 30 ans, l'amener aux sommets de son Art. Le fait que "Back to Black" reste définitivement son testament n'en est que plus tragique. [Critique écrite en 2015]