A peine 60 ans, mais déjà presque 40 années de carrière derrière lui. Comment décrire Tom Waits pour la jeune génération ? C'est un peu l'homme-orchestre, l'homme de rue, dont la voix rauque (c'est peu de le dire), indéniablement marquée par un abus de tabac et de whisky, vient nous conter toute sorte d'histoires sordides comme le ferait un Bukowski. Tom Waits c'est cette incarnation d'une musique nocturne, qui serait jouée dans un bar miteux où règne la crasse et la dépravation, entre balades au piano et blues déstructuré. Son style très bruitiste, teinté d'ironie et d'humour noir, ne se conforme à rien de déjà-entendu et fait de lui – en plus d'un musicien complet – un artiste à part entière, une forte personnalité.
Bas As Me est cool, le nom de l'album s'en vante déjà : il a ce côté badass qui donne une fois de plus à Tom Waits cette gueule de loubard viril au grand cœur. Il est charmeur sous plus d'une forme – très accessible pour le néophyte, une jouissance pour le fan qui retrouve son idole en grande forme après 5 ans de silence. On est pas loin, au niveau des compositions, de ce qu'il a déjà produit sur le premier CD de Orphans: Brawlers, Bawlers & Bastards, c'est-à-dire des morceaux très accrocheurs avec une production bien plus nette que dans les années 80 (of course).
Son petit problème c'est qu'il est justement un peu trop cool. Passé les premières écoutes on se retrouve devant un album de Tom Waits somme toute sympathique mais qui ne s'avère guère surprenant.
Notons tout de même qu'à la fin de l'album, un morceau vient vraiment faire la différence : « Hell Broke Luce », sauvage, imprévisible (ce qui change du format couplet/refrain classique des autres morceaux), son gros riff et ses samples de mitraillette, en font une véritable surprise. Il démontre là qu'il peut encore créer de l'insolite. Du reste, vous aurez peut-être comme moi une impression de déjà-entendu.