Ballads par Claire Magenta
Lorsque Coltrane signa pour le label Impulse! en 1961, ce dernier avait déjà la réputation d'être l'un des ténors les plus hargneux du jazz ; un bouillant jeune homme de 35 ans à l'extérieur cachant (paradoxalement) un des jazzmen les plus calmes selon le critique Gene Lees. Enregistré entre décembre 1961 avec Reggie Workman (It's Easy to Remember) et novembre 1962 (le reste de l'album), Ballads n'annonce pas encore les oeuvres les plus controversés de son auteur. Sorti quelques mois après l'éponyme Coltrane, premier disque studio de Trane pour le label de Creed Taylor, ce recueil de huit standards n'en demeurent pas moins sujet à discussion. Taxé d'album facile, compromis commercial pour d'autres, Ballads a également le « désavantage » d'être le premier disque d'une série de trois albums « grand public » du souffleur : viendront l'année suivant son duo avec le crooner Johnny Hartman, puis celui avec le maître Duke Ellington. Cinquante ans après, ces reproches font sourire tant Trane aura su par la suite transcender sa musique jusqu'à un point de quasi non retour (Interstellar Space par exemple).
Si prévisible sont-elles, ces ballades (enregistrées pour la plupart en une seule fois) offrent au contraire au quartet de Coltrane de nouveaux horizons mélodiques, et un contre point idéal pour l'auditeur avant les brûlots dénommés Ascension ou Meditations.