Des kids qui tiennent moins bien la route.

Il y a des bandes originales qui vivent très bien séparées de leur contexte d'origine pour devenir des oeuvres à part, vivantes, indépendantes, merveilleuses. Et il y a les autres, qui, séparées des images, ont parfois du mal à assurer. Venant de Yoko Kanno qui nous a habitué à un parcours quasi sans faute, voilà donc le premier faux pas qui arrive sans qu'on ne s'en soit pourtant douté car au visionnage de la série, Kids on the slope tenait assez bien la route côté mélange visuel/son. Et puis on avait Yoko Kanno qui nous avait auparavant déjà livré les superbes bandes originales de Cowboy Bebop, alors ça ne pouvait que remarcher.

Oui mais non.
L'histoire a prouvé qu'on ne peut pas toujours recréer la grâce et la magie à tous les coups. Cowboy Bebop était un énorme hommage au Jazz, bien sûr mais aussi, au rock, au cinéma, enfin bref, à la culture populaire (il faut le faire d'appeler un épisode "Pierrot le fou !").

Pour Kids on the slope, le contexte est bien différent. Cette fois, plus d'endroits imaginaires liés à la liberté que pouvait permettre la SF. Kids on the Slope se déroule dans les années 60 et s'inspire de situations, d'histoires qui auraient largement pu arriver. Voire même aux alentours de 1967-68 si on voulait être pointilleux (un des personnage annonce peiné la mort de John Coltrane). Et si l'histoire de la série permet de merveilleuses interactions et reprises (Moanin' d'Art Blakey en tête) autour très souvent du duo piano/batterie symbolisé par les deux héros principaux, la bande originale fait sacrément pâle figure au regard de tout ce qu'elle pouvait offrir.

Ici on a donc des thèmes courts et souvent peu développés. Il y aurait pu avoir des boeufs coupés dans la série et ici prolongés mais non. Les jams de la série restent sur la bande originale, inchangés. Et j'ai envie de dire donc, mollement gravés sur disque, sans originalité, sans prise de risque. Le comble pour du Yoko Kanno. Et on se retrouve également avec de courts interludes qui enserrent chacun des morceaux mais sans jamais les faire respirer. Il y avait des titres courts dans les disques de Cowboy Bebop rappelez-vous, mais ils laissaient pourtant les autres titres plus libres, moins serrés. Bref, ils permettaient d'apprécier pleinement ce qui était écouté dans l'instant, sans jamais entraver l'oeuvre, ce qu'on ressens ici. On en vient par moment même à zapper un titre ou deux par moments, exaspérés.

Et c'est dommage parce que Kanno nous montre à nouveau que quand on lui en laisse les moyens, elle fait du beau, du grand, du fort. Il suffit de se repasser un passage de la série où les deux protagonistes arrivent à sauver la fête de l'école en jouant un medley Coltranien-Blakey pas piqué des hannetons, créant la vraie surprise pour les personnages... Comme le spectateur : https://www.youtube.com/watch?v=MoDBI941ADU

Il est du coup d'autant plus dommage de ne pas avoir ces passages dans cette B.O. Et d'en rester à une simple illustration de thèmes courts, bien joués, mais sans vie. Dommage.