En 74, nous écoutions Bowie, Lou Reed et les New York Dolls, et McCa avait littéralement perdu toute crédibilité à nos yeux, entre son amour sucré pour Linda, son nouveau groupe de ringards (Wings, beurk…) et une claire tendance à produire des chansons presque navrantes de simplicité. Personnellement, j'étais donc logiquement passé à côté de "Band on the Run", un disque à la vulgarité chatoyante que, très prétentieusement, je trouvais indigne de mes goûts musicaux. Les années ont prouvé que c'était là une opinion très simpliste, et une belle poignée de chansons de l'album - celles de la "première face" - sont devenues peu à peu incontournables, au même titre que les meilleures compositions de Paulo pour les Fab Fours. Cette superbe édition 2010, en vinyle haute qualité (et même si le disque bonus n'est pas d'un intérêt foudroyant) enfonce le dernier clou du cercueil de nos vieux préjugés : sans égaler la magnificence d'un "Ram", "Band on the Run", avec sa trivialité joyeuse, s'inscrit magnifiquement au sein de l'histoire des Beatles, donc de la musique contemporaine. [Critique écrite en 2010]