La sortie d'un album d'Underworld est toujours un événement pour tout fan de musique électronique, c'est à la fois une nouvelle approche du genre mais aussi le retour dans un univers en constante novation. Le groupe a toujours réussi à surprendre son public à chaque nouvel album, se réinventant sans cesse et livrant ainsi par la suite une interprétation nouvelle de l'électro et de son fonctionnement.


Ecouter Underworld, c'est avoir accès à un univers onirique exprimé par un langage universel dans le monde de la musique : la Danse. Pour Underworld, la danse est un moyen de communication parfaitement efficace, il permet d'entrer dans un état de transe jubilatoire voire même de délivrance. Il semble tout de même important de rappeler qu'Underworld est avant tout un groupe fait pour la scène, pour les écouter il faut se mettre dans cet état d'esprit, s'imaginer en train de secouer son popotin devant une tribune imaginaire fait alors parfaitement le boulot même si la meilleure solution reste d'aller les voir en vrai. Les beats ne sont là que pour permettre à l'auditeur de se laisser aller, l'aider à pénétrer dans son imaginaire et dans celui du groupe. La musique devient ainsi, loin de tout ces clichés de néophytes pensant que le but principal des basses est de faire bouger les gens en rythme, une véritable invitation à rêver. La Techno (souvent considérée comme un genre de seconde zone) est avec eux autre chose qu'un genre qui repose essentiellement sur le fait de secouer sa tête en rythme avec les basses, elle devient une musique qui pousse à la réflexion et à l'évasion. C'est ça qui m'a fait aimer Underworld, et tout le genre musical qu'ils portent sur leurs épaules : cette conviction d'intellectualiser la techno, de la rendre atmosphérique et exigeante.


Et c'est pour cette raison que j'ai été très déçu de l'album Barking, que je trouvais clairement en manque d'ambitions, à vouloir se la jouer trop accessible le groupe m'avait perdu en route. J'en attendais donc beaucoup de cet album, je voulais un réveil, un retour aux sources. A quoi ai-je eu le droit ? Encore mieux.


On se contentera d'appeler l'album Barbara pour des raisons de fluidité. Avec Barbara, Underworld ne s'est pas contenté de remettre en place un mécanisme qui avait fait son succès, il l'a totalement modernisé. Le groupe a apporté une vision plus récente de sa conception musicale, on retrouve alors le côté ambient dont le groupe est si friand mais cette fois-ci agrémenté d'une musique très entraînante, presque épuisante tant celle-ci implique physiquement et personnellement l'auditeur. On s'investit dans l'écoute, on devient actif et acteur. L'impression de quitter quelque chose de grand et de complexe à chaque fin de piste est de plus en plus importante. Chaque écoute renouvelée met en place une autre interprétation de la musique. Ces mêmes musiques sont tout de même marquées par une certaine linéarité, elles commencent par intriguer, finissent par faire en sorte que l'auditeur s'y habitue (notamment grâce à une répétitivité totalement voulue); et puis dans un moment de surprise accompagné par des basses enjouées, la musique devient toute autre. Et ce qui est magnifique dans cette histoire, c'est que cela se produit à chaque fois : cette espèce d'effet de surprise donnant l'impression d'écouter Barbara pour la première fois et qui vous hérisse le poil.


Ce qui est passionnant avec cet album, c'est aussi qu'il est polymorphe, il retranscrit avec brio moult émotions et sentiments, faisant ainsi de la musique un matériau que l'on peut modeler à sa guise selon son état d'esprit. Tout cela permet ainsi à Barbara de devenir un objet personnel que l'on a interprété au gré de ses souvenirs et de sa mentalité. L'album accompagnant alors parfaitement vos pensées, pouvant même aller jusqu'à les forger.


En plus ça fait secouer son petit cucul, donc c'est vachement cool.


Barbara ce n'est pas seulement un très bon album, c'est aussi de la grande musique électronique.

BotDDB
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le 4 avr. 2016

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