Afida Turner, ou la génie bafouée des temps modernes. Avec cette chanson concoctée pour la série Lol qui rit sort, la voix sort de son sa zone de confort et offre, comme à son habitude, un cocktail audio-visuel survolté. Tout de la star y est pour être un hit : tonalité rock, voix incroyable qui s'exalte dans des cris de poulet et paroles excellentes font de la Barbichette Song un must-listen de sa carrière.
Parenthèse dans sa dynamique de retour aux années 80 (Etienne, High Energy), la Barbichette song explore une autre facette de l'artiste, la dérision, toujours agrémentée d'une surdose exubérance. D'un point de vue des paroles, Afida alterne entre le français et l'anglais avec toujours la même aisance. Ce basculement permet de rythmer d'autant plus la chansonnette qu'il n'y a pas grand chose à raconter. Elle reprend les paroles originales et les adapte à sa sauce, notamment en y apposant son affrication singulière (transformer les "t" en "tch", comme on l'avait déjà entendu dans Étienne qui était devenu "Étchienne"). La barbichette devient alors la "barbitchette", plongeant ainsi l'Académie Française et le Figaro dans la tourmente. Le prime de l'écriture revient toutefois au génie de la rime avec "rigole". Dans cette version 2024, rire ne conduit plus à se prendre une tapette... mais une torgnole ! Ainsi, Afida fait rimer rigole avec torgnole. Le niveau est trop haut pour les simples mortels que nous sommes tandis que Louise Labé et Arthur Rimbaud se retournent dans leur tombe.
La chanson n'a hélas pas de clip officiel à l'heure où j'écris cette critique, mais l'extrait de la série est sur YouTube. Comme prévu, Afida opte pour une tenue dont elle seule a le secret. Combinaison argentée dans laquelle elle se trouve plutôt engoncée, talons hauts et crinière dorée caractérisent depuis longtemps le personnage. Pourtant, la sauce prend à chaque fois. À chaque apparition de la reine, un florilège de sensations me submergent entre consternation et admiration.
Toujours dans le registre rock, aux cris de poulet égorgé, mais à la finalité légère, la barbichette song ma semble très intéressante dans la carrière de l'artiste. Elle prend part dans une direction artistique clairement inspirée de son appartenance au clan Turner, tout en permettant au personnage d'y exalter son caractère outrancier dans des paroles lolesques. J'aime beaucoup cette direction prise au moins le temps d'un single et espère qu'il y en aura d'autres car on tient le potentiel de se taper les meilleurs barres de l'histoire de la musique française.