Battlefield par Marc Poteaux
Ez3kiel est un groupe sur lequel on ne peut pas compter. Et on les en remercie. Depuis la création de leur entité, les français pratiquent l'échangisme musical, font valser les étiquettes, expérimentent à tout va, se créent des châteaux de son qu'ils détruisent la seconde d'après avec une jouissance non feinte. Electronica, dub, pop, rock, musique de film, musique d'avant-garde se télescopent sur ce nouveau champ de bataille qui s'offre à nos oreilles, et sur lequel nous nous aventurons à nos risques et périls. Si l'album est dominé par des morceaux lourds et graves, très cinématographiques, parfois une voix très Pattonienne ("Spit On The Ashes") ou plus hip hop ("Alignment") fait son apparition . Ensuite, petit à petit, les éléments électro font leur apparition, et arrivent le rock le plus sauvage ("Firedamp"), les clins d'œil à la grande musique ("The Montagues And The Capulet", reprise de Prokofiev), pour finir avec un morceau en forme de coucher de soleil dans un film de Romero ("Wagma"). Vous l'aurez compris, cet album est gris poussière, de celle qui balaie les ruines et les espoirs, et ne laisse que la vérité nue, érodée, cruelle ; le monde est un champ de bataille. Mais Ez3kiel prend garde à ne pas éteindre la petite flamme d'espoir qui reste à l'auditeur, et on ressort de l'écoute intégrale de cet album d'une humeur moins sombre que lui ne l'est, et juste avec la certitude d'être en présence d'un grand disque, un de ceux qui redéfinissent un genre.