D'abord ces yeux, grands ouverts, comme si l'on croyait représenter l'innocence face à l'inacceptable brutalité du monde : mais ces yeux-là sont trop vides, trop monstrueux, pour qu'on ne les rejette pas, ne les craigne pas... Entre l'innocence forcément blessante et la monstruosité vulnérable, eels a choisi son terrain de jeu, restreint et bien borné, donc critiquable. La connexion avec Spielberg est parfaitement logique : la différence comme définition (a)sociale, mais aussi comme générateur d'affect et d'émotions facilement commercialisables. A équidistance entre la maîtrise de Randy Newman et la névrose de Kurt Cobain, la vraie révélation de 1996.
[Critique écrite en 1996]