Because the Internet par Lopocomar
Ce n’est pas tous les jours qu’un disque de rap est chroniqué dans ces pages. Pour autant, il arrive que la rédac’ se balade avec quelques gouttes de hip-hop dans les oreilles. Pour être honnête, l’un des concerts les plus chauds de l’année auquel on ait assisté a eu lieu au Trabendo. Ce n’était pas Warpaint, Bombay Bicycle Club ou un autre groupe indie mais Childish Gambino. AKA Donald Glover, connu des spectateurs de la sitcom Community. Après avoir rappé sur des samples de Grizzly Bear sur Youtube, l’entertainer multi-cartes avait pondu un Camp de fort bon aloi balançant quelques tubes au passage avec "Heartbeat". Une tentative de suicide et une coupe afro sur la tête, Gambino envoie Because The Internet. Concept-album où les pistes s’arrêtent sans prévenir et où tout est lié via le grand bordel qu’est l’Internet.
Prenant donc de grandes libertés avec les formats habituels, Glover multiplie les sources. Un script, un court-métrage et un site dédié accompagne la sortie de son album à la fin d’année dernière tel un projet transmédia qui ferait bander plus d’un marketeux. Etape supplémentaire, sa tournée US est même accompagné d’une appli pour interagir avec un écran jonché sur la scène. Hormis ces délires parallèles, qu’en est-il de la musique. Fort talentueuse très cher. Il est de bon ton de remarquer que notre MC s’est calmé avec sa bite et ne parle plus en permanence de son chibre. L’aspect protéiforme de la chose lui porte parfois préjudice et raccourcit ou coupe prématurément des morceaux qu’on aurait aimé entendre plus longtemps. Bien sûr, "3005" endosse facilement le rôle de hit trompeur qui viendra capter les kiffeurs des pistes les plus faciles à appréhender. Comme sur "This Power" en 2011, Childish Gambino déploie son art lorsqu’il est en roue libre. "Shadows" et "III. Life : The Biggest Troll" laissent toute la place à son flow. Syncopé, speedé, interminable, insatiable, il réussit à nous emporter. Grâce également à des productions chiadées qu’on pourrait rapprocher d’Orelsan par ses beats raps empruntant sans peine au classique et à l’électro.
Difficile à adopter, Because The Internet gagne avec le temps. Totalement différent de l’album précédent, on y retrouve les ingrédients qu’on avait apprécié derrière le micro. Une expérience à aller voir en live assurément, comme a pu nous le démonter la folie furieuse du Trabendo un soir de mars. Aucune nouvelle date n’est prévue pour le moment dans nos contrées.
A écouter : Patiemment.
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