Believer par Strangeman57

Le voilà l'album de la discorde, mal-aimé des fans, celui qui, suite à un énième échec commercial, poussera la bande à se séparer et à jamais se retrouver sous sa forme originelle. On comprendra que le batteur Tony Thompson n'ait pas été très jouasse d'être remplacé par une boîte à rythme. Cela dénote d'une volonté de Rogers et Edwards de tenter une nouvelle formule à base de synthés, ce qui est en soit louable, bien que cette nouvelle formule ne soit que l'adaptation des codes de l'époque. Alors, est-ce que Chic version « Prince », ça fait le taf’ ?

  Presque j'ai envie de dire. On trouve en tout cas plus d'envies que sur Tongue in Chic et pas de pistes bouche-trous comme l'a pu l'être « Chic (Everybody Say) ». D'ailleurs depuis, la bande a appris à rapper convenablement comme le prouve « Party Everybody ». Les chœurs féminins sont de nouveau mis en avant, à défaut des grattes de nos deux compères. On arrive donc au premier point qui fâche, ces derniers ne maîtrisent pas totalement leurs nouveaux joujoux électroniques, ce qui résulte à ce que je préfère dans cette grande période musicale et expérimentale Pop ; des morceaux malades au fort potentiel. Prenons pour exemple « You Are Beautiful » et son entame au Vocoder, pas vraiment du meilleur effet ; le riff de Nile marié aux coups de clavier et ces trois mots chantés en chœur sur chaque moitié (j'aurais préféré l’entièreté) de refrain, c'est tout simplement bon !
  Et ça aurait pu être jouissif si la bande avait réussi à remplir le mixage comme à la grande époque - car deuxième point qui fâche - il y a des grands moments de vide sur la plupart des pistes, où les boucles synthétiques peinent à remplacer le naturel et l'ampleur de leur jeu acoustique habituel. Les nostalgiques pourront se rabattre sur « Take a Closer Look » au piano, une de leurs meilleures ballades RN'B, style dans lequel ils s'avéraient pourtant quelconques à leurs débuts. Comme quoi… Enfin, je sauverai aussi « You Got Some Love for Me » et ses deux notes au clavier, tellement joyeux qu'il peut paraître niais, parfait générique pour sitcoms blacks, style « Cosby Show » ou « La Vie de Famille ». Le reste est plus anecdotique, dont le single « Give Me the Lovin’ ».
  Believer ne mérite clairement pas sa place, même en 1983, de pire album de Chic, palme que j'accorderai au précédent. Il évite la même funk tiède de mise depuis Take If Off pour proposer une rigueur synthétique qui ne leur sied   pas tout le temps, certes; mais dont je ne peux m'empêcher d'apprécier le charme en tant que fada de Synthpop. Mais bon… On serait tenté de dire que le public n'en veut plus de Chic, si ce même public ne tombait pas quelques mois après dans le piège de « Let’s Dance » !