Après quatre albums, Lou Reed quitta le Velvet Underground pour se retirer chez ses parents et arrêter la musique. C’est sa femme Lisa (celle de « Lisa Says »), avec l’aide de son producteur, qui le convainc de revenir à la musique et après un premier album qui passe inaperçu (pourtant très bon), il signe « Transformer », co-produit par Bowie, qui lui ouvre la voie du succès.
Après ce succès auquel il ne s’attendait pas, Lou Reed change de producteur, il choisit Bob Ezrin (alors en charge d’Alice Cooper et futur manager des Pink Floyd époque « The Wall »). D’abord conçu comme un double album, « Berlin » sera finalement un simple (la maison de disque n’aima pas les premiers extraits de l’album). Ce « film for the ears » (affiche promotionnelle de l’époque), c’est la vision de l’amour de Lou Reed. (Quasiment) autobiographique, c’est l’histoire (spoiler jusqu’à la fin du paragraphe) d’un couple d’américains vivant dans le Berlin d’après-guerre, Jim et Caroline, qui vont se rencontrer, s’aimer, se battre, se droguer, se prostituer, ne plus s’aimer et se suicider à petit feu et même en finir pour elle, ce qu’il ne regrettera pas car ce serait lui qui l’aurait surement tué sinon.
C’est très glauque, sombre ou encore violent et pour nous raconter cette histoire, Lou Reed s’entoure d’excellents musiciens et signe ses plus belles compositions, parfois lyrique et souvent magnifique. Les musiciens et les chœurs sont souvent très justes et excellents. On retrouve parmi eux plusieurs éléments qui seront dans la tournée suivante, celle totalement déjanté (et géniale) qui accouchera de « Rock’n roll Animal » et « Lou Reed Live » ainsi que Steve Winwood (Blind Faith) à l’orgue.
C’est un album à écouter dans l’ordre de la première à la dernière chanson. Des premières notes de « Berlin » (la chanson-titre) où l’on entend une sorte de brouhaha jusqu’aux dernières de « Sad Song », on est emporté par l’album et cette atmosphère déchirée, sombre, malsaine, mélancolique mais aussi belle, notamment grâce aux mélodies. Il n’y a aucune faiblesse dans l’album et les sommets font partis de ce que Lou Reed a fait de mieux dans sa carrière, que ce soit « Lady Days », « Men of Good Fortune » où il décrit les différences entre pauvre et riche, la géniale et magnifique « Caroline Says I » où il évoque la relation entre Jim et Caroline, « How Do you Think it Feels » où Jim commence à se droguer (« When youve been up for five days »), qu’il est incapable de faire l’amour à sa petite amie(« To always make love by proxy ») qu’il va commencer à frapper dans la suivant « Oh Jim ». Toute la suite, à partir « Caroline Says II », c’est de la déchéance de Caroline qu’il nous parle, toujours merveilleusement accompagné par d’excellents musiciens avec notamment « The Kids » où on a retiré à Caroline la garde de ses enfants. Dans la chanson on entend d’ailleurs des enfants crier « Mommy », rajoutant encore plus d’intensités. L’album se conclut sur « Sad Song » où Caroline n’est plus qu’une image que Jim compare à Marie la reine d’Ecosse.
Echec monumental à sa sortie et notamment par les critiques qui ont assassiné le chanteur New-yorkais, Lou Reed a eu du mal à s’en remettre. Aujourd’hui considéré comme l’un des sommets (voire même le sommet à mon gout) il est enfin reconnu à sa juste valeur. Un album à la fois magnifique, notamment par ses compositions et mélodies mais dans le même temps sombre, (très) glauque et dur.
A noter qu’il a été rejoué dans son intégralité sur scène en 2006 : http://www.youtube.com/watch?v=2D04-fH-V4s
Bien évidemment, un album a écouté d’une traite, de la première à la dernière chanson, mais si je ne devais en choisir que quelques-unes, ce serait celle-là :
Lady Day : http://www.youtube.com/watch?v=Dx3EKnChqkU
Caroline Says I : http://www.youtube.com/watch?v=9RbKOk_vhWc
How Do you Think it Feels : http://www.youtube.com/watch?v=aIofRTmTYVc
The Kids : http://www.youtube.com/watch?v=YY_i-R2ldyA
The Bed : http://www.youtube.com/watch?v=OsxhM2g1JRg
Sad Song : http://www.youtube.com/watch?v=kTrG9z2AWxQ
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