Apparu en 1983, Dinosaur Jr est de cette génération pré grunge, élevée au punk hardcore, qui a laissé une poignée de formations devenir quasi mythiques. Il en faisait évidemment partie, au même titre que Nirvana et les Pixies, et a dû bercer ou accompagner la jeunesse de pas mal d’entre vous lisant cette chronique. Emmené par Jay Mascis, Lou Barlow (qui quitta plus tard le navire en allant accoucher de Sebadoh), et Emmet Patrick Murphy (dit Murph), Dinosaur Jr se fit remarquer dés ses débuts et son premier album en 1985 par un son très distinct des autres combos de l’époque, fait de véritables déluges de guitare baignée à outrance dans la saturation, et du jeu très mélodique et bourré de solos de son leader Celui-ci règnera ensuite sur le groupe jusqu’à épuiser ses deux acolytes, et enregistrer seul l’album « Green Mind » sorti en 1991. C’est en 1997 que Mascis décide de mettre logiquement la clé sous la porte, et de se lancer dans une carrière solo, une situation avec laquelle il aura finalement longtemps flirté. Deux albums suivirent, tout comme la récupération des droits des disques sortis chez SST (« Dinosaur », « You’re Living All Over Me », et « Bug ») coïncidant avec l’annonce d’une reformation du line up originel pour une tournée promotionnelle. Dix-neuf ans après, ce « hasard » alla logiquement aboutir sur un nouvel album, marquant le grand retour d’un groupe phare Après tant d’années d’absence, on aurait aisément pu se méfier d’une telle résurrection, s’interroger sur les motivations du trio, s’attendre à un album de vieux cons tentant en vain de se mettre à la page en termes de production et balancer un nouvel album que ses enfants du rock auraient renié sans peine, avec amertume et déception. Mais on n’est pas Dinosaur Jr pour rien. Car tous ces pressentiments se dissipent comme par magie à l’écoute de ce « Beyond », juste retour là ou l’histoire s’était arrêtée, comme si les onze titres de ce nouveau disque, comme sa pochette digne de l’ère SST, dataient d’il y a deux décennies (le « Almost Ready » d’ouverture) Incontestablement, Mascis n’a pas perdu un iota de la qualité de son écriture (y a même heureusement gagné en maturité), ni de son toucher guitaristique définitivement personnel (voir le solo de trois minutes sur « Pick Me Up »), se partageant toujours entre virtuosité, finesse et bruit. Du coup, les tubes pleuvent, comme ce « Back To Your Heart » écrit par Lou Barlow (à l’instar de « Lightning Bulb », autre réussite) que Foo Fighters n’aurait pas refusé, ou l’incontournable « Been There All The Time », tous se détachant à peine d’un tracklisting solide et cohérent Pas de véritable surprise donc que ce « Beyond », du Dinosaur Jr pur et dur, comme on le connaît, comme on l’aime, capable aujourd’hui de guérir le plus condamné des nostalgiques. Voilà une reformation qui contredira tous les médisants désireux de voir rester leurs défuntes idoles sous terre. Incontournable (mowno)