Entouré des fines gâchettes habituelles (Roger King, Nick Beggs, Gary O'Toole, Rob Townsend et Amanda Lehmann) l'ancienne guitare de GENESIS revient nous rendre visite sur les versants escarpés de Beyond Shrouded Horizon. Le titre de ce vingt-troisième album est un clin d'œil : « Au-delà de l'horizon voilé » explicite la sortie du précédent tunnel (Out of the Tunnel's Mouth » 2009) pour de nouvelles aventures.
Ce disque indique surtout un retour aux sources qui mélange tout le savoir-faire de Steve Hackett pour la guitare acoustique, classique et électrique, sans jamais exhiber à outrance sa virtuosité sans appel. Plus qu'une simple démonstration de ses capacités à sublimer l'instrument, Hackett évoque des paysages souvent teintés de gris dont la production, impeccable, renforce la subtilité mélodique.
Il y a par exemple « Loch Lomond » avec son introduction inquiétante puis un souffle rock heavy avant une réconciliation acoustique du meilleur effet. Frissons garantis poursuivis sur « The Phoenix Flown » qui inverse la sélection en partant du dépouillement complet pour finir au pur planant. On se retrouve vite pris d'une irrésistible envie de décoller. Pourtant, l'architecture de Beyond the Shrouded Horizon remet rapidement les pieds sur terre avec des entrelacs naturels désarmants. Des interludes classiques-romantiques somptueux (« Wanderlust », « Summer's Breath »), du gros son, celui qui explose (« Two Faces of Cairo »), du folklorique (« Waking to Life » et son style indien), de la ballade calibrée (« Til These Eyes, somptueux) et même du blues (« Catwalk »), style rarement abordé par notre ami et plutôt bien capté.
Steve Hackett évite ainsi la ringardise tout azimut même s'il joue parfois avec le feu (« Prairie Angel » très Camel des eighties), quitte à se brûler (« Looking For Fantasy »). Mais Hackett possède cette capacité à s'échapper du temps et des formats habituels. Avec « Turn This Island Earth » et ses presque 12 minutes, il n'a jamais aussi près de rassembler en un seul titre les morceaux de son puzzle. Et de nous permettre de communier, avec lui, avec la beauté de son monde.